La maladie de Turcotte est sérieuse, dit un psy
Il soutient la thèse de non-responsabilité criminelle
Le trouble d’adaptation qu’il a diagnostiqué à Guy Turcotte ne doit pas être pris à la légère, a prévenu un psychiatre hier au procès de l’ex-cardiologue pour les meurtres de ses enfants.
«Ce n’est pas une dépression sévère, c’est vrai, mais ce n’est pas banal, a témoigné le Dr Louis Morissette, amené à la barre des témoins par la défense. On a malheureusement souvent tendance à croire que ce n’est pas si grave que ça.»
Tout comme la Dr Dominique Bourget avant lui, cet expert en psychiatrie légale soutient la thèse de la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
«M. Turcotte, à cause de son trouble mental (...), avait un jugement perturbé, et il en est venu à croire qu’il poignardait ses enfants pour leur bien-être, a soutenu le Dr Morissette. C’était pour les protéger d’une souffrance s’ils le voyaient mort.»
STRESS
Le témoin admet que beaucoup de gens peuvent se dire que cette façon de penser n’a «pas de bon sens», mais il explique que la «logique habituelle» de Turcotte était «très perturbée» quand il a planté 46 fois son couteau dans les corps d’anne-sophie et d’ Olivier, 3 et 5 ans. Selon le Dr Morissette, ce serait une combinai- son de la personnalité de Turcotte et des éléments de stress qui l’avaient rendu malade.
Car dans les semaines précédant le drame du 20 février 2009, la relation de Turcotte avec sa femme Isabelle Gaston battait de l’aile. L’accusé de 43 ans avait ensuite découvert qu’il était cocu, par un de ses amis. La relation ava i t pris fin, Turcotte voyait moins ses enfants et il avait vécu le stress d’un déménagement, a poursuivi le Dr Morissette.
PAS DE VENGEANCE
Combinés avec la personnalité de l’ex-cardiologue, tous ces éléments tendent à pointer vers le développement du trouble mental «vers la mi-février», affirme l’expert.
Et le fait que Turcotte ait frappé le nouveau compagnon de Mme Gaston, plusieurs jours avant le drame, tend à soutenir cette thèse, croit l’expert de la défense, qui a exclu la thèse du meurtre par vengeance envers son ex-femme.
«Car ce n’est pas un batailleur, pas un impulsif, on voit que ce n’est pas comme à l’habitude», a-t-il dit.
M. Morissette a appliqué la même logique pour expliquer un événement survenu trois semaines avant le drame, quand Turcotte avait bu de l’alcool contrairement à son habitude de rester sobre.
Son témoignage se poursuit aujourd’hui au palais de justice de Saint-Jérôme.