Des questions qui dérangent
Le Commissaire à la santé demande si on doit payer des traitements pour le cancer ou pour l’autisme
Un organisme qui relève du ministère de la Santé mène un sondage controversé où l’on demande aux répondants si l’on doit payer des traitements dispendieux pour les cancéreux ou de nouveaux services pour les autistes.
Ce sondage fait partie d’une consultation plus large menée par le Commissaire à la santé et au bienêtre. Les résultats seront présentés à l’assemblée nationale à l’automne 2016.
Or, plusieurs organismes ont été choqués en lisant les questions et certaines réponses suggérées ( voir texte ci-joint). «Quand j’ai vu ça, j’ai été très étonnée. Les questions sont légèrement tendancieuses, et surtout les réponses», dénonce Nathalie Rodrigue de la Coalition priorité cancer.
«On a la loi pour mourir dans la dignité. Si ça coûte trop cher de vous soigner parce qu’un médicament sort sur le marché, on ne vous soignera pas? J’ai l’impression que c’est vers ça qu’on s’en va, comme si on se préparait à ça», dit-elle en précisant qu’il y a bien des économies à faire dans le réseau avant d’en arriver là.
LES AUTISTES ET LES CANCÉREUX CIBLÉS
Du côté de la Fédération québécoise de l’autisme, on a également été surpris de la teneur du sondage. «Le choix de réponses est très subjectif, c’est comme une ligne ouverte. On demande aux gens de prioriser des problèmes de santé aux dépens d’une autre clientèle», indique la directrice générale, JoAnn Lauzon. Elle aussi dit qu’on devrait revoir les façons de faire avant de limiter l’offre du panier de services.
Elle cite en exemple le fait que certaines écoles demandent un second diagnostic pour l’entrée en classe d’élèves aux prises avec des troubles liés à l’autisme.
« D’UN RIDICULE QUI TUE »
Selon Mme Lauzon, on cible l’autisme parce qu’on sait très bien que les cas sont en hausse. Elle ne comprend pas qu’on offre 75$ à des gens pour participer à des groupes de discussion sur ces questions. «On parle de l’avenir de nos services pour 75$. C’est d’un ridicule qui tue.»
Au Conseil de protection des malades, on se questionne sur les raisons de cette initiative. Son président, Paul G. Brunet, déplore également une méthodologie déficiente avec des scénarios fictifs.
«On est encore dans l’hypothèse et on exclut les cas avérés où des gens riches et puissants, contrairement aux choix qu’on demande aux répondants de faire, continueront au Québec à recevoir tous les soins et médicaments qu’eux ou leurs proches souhaitent ou souhaiteront obtenir.»