Le Journal de Quebec

Abandonné par la police

Un informateu­r craint pour sa vie

- Éric Yvan Lemay Bureau d’enquête

Un informateu­r de police qui a travaillé pendant plus de huit ans avec la police de Montréal, la GRC et les services secrets américains craint pour sa vie et celle de sa famille. On refuse de le protéger alors que son identité est maintenant connue du milieu criminel.

Ce Montréalai­s d’origine accepte de lever le voile sur sa vie secrète, de rendre son histoire publique, parce qu’il croit que c’est maintenant la meilleure façon de se protéger du milieu criminel.

Celui qui a notamment aidé à coffrer de dangereux trafiquant­s de drogue et des fraudeurs s’inquiète pour sa vie depuis quelques mois.

Il demande la protection de la police, mais ses requêtes restent sans réponse.

«Si c’était à refaire, je ne le referais pas», lance Tom Kubo, en parlant de son travail d’informateu­r. Il dit avoir eu des menaces à peine voilées dès la première opération à laquelle il a participé en 2006.

Son inquiétude a toutefois grimpé d’un cran depuis qu’un homme s’est approché de lui pour lui dire de surveiller ses arrières. Cet homme est un proche du Montréalai­s Roger Samara, qu’il a contribué à faire arrêter en Floride dans un réseau de fraude par télémarket­ing.

SERVICES SECRETS AMÉRICAINS

Il a récemment contacté notre Bureau d’enquête. «J’ai peur pour ma famille et pour ma vie», lance-t-il.

L’homme raconte avoir aidé les policiers québécois avant d’être recruté par des agents spéciaux des services secrets américains. Il a signé des ententes avec ces derniers à deux reprises.

À chaque fois, il dit avoir pris des risques, notamment dans l’enquête qui a mené à l’arrestatio­n de Patrick Provencher et Jason Berry. Ces derniers ont fabriqué et distribué d’importante­s quantités de drogues chimiques dont une était 40 fois plus forte que l’héroïne.

Durant cette enquête, il a notamment fréquenté Provencher, qui était entraîneur au gymnase La vie en forme, sur la rue Ste-catherine. Tom Kubo raconte que Provencher ne se doutait pas de son rôle et qu’il a même continué de lui envoyer des textos lorsqu’il était en prison.

Toujours selon Kubo, Provencher et Berry faisaient beaucoup d’argent notamment en écoulant de la drogue via le web caché ( deep web), une partie du web inaccessib­le pour les moteurs de recherche classique.

Plus récemment, il a travaillé avec les services secrets américains pour mettre la main sur Ryan Gustafson, qui faisait le trafic de faux billets américains en passant par le web caché.

PASUNSOU

Tom Kubo dénonce le fait de ne pas avoir reçu un sou de ce qu’on lui avait promis pour cette dernière opération.

Il dit avoir investi de son propre argent sans jamais être indemnisé. Il a depuis rompu ses liens avec les autorités et dit ne plus vouloir jouer le rôle d’informateu­r.

Il a dû prévenir des proches de son travail dans l’ombre et leur expliquer qu’il sortait publiqueme­nt dans le but qu’on connaisse son travail. «Au moins, s’il m’arrive quelque chose, ils vont savoir pourquoi ça m’est arrivé.»

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En plus d’aider les services secrets américains dans la traque d’un trafiquant de faux billets. Tom Kubo a participé à l’enquête sur deux producteur­s de drogue de synthèse.

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