Le Journal de Quebec

Vestiges menacés

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se municipale karine.gagnon @quebecorme­dia.com

Le maire de Lévis doit empêcher la destructio­n du Fort numéro 3, vestiges historique­s datant de 1865 qui ont maintes fois été menacés, mais qui ont toujours résisté, même après avoir servi de fondation à une usine de fabricatio­n de béton.

L’histoire de Lévis est liée à celle de ces trois forts qui furent construits sur son territoire. Le Fort numéro 1 a pu être sauvé. Dans les années 60, on a démoli le Fort numéro 2 comme bien d’autres vestiges à cette époque, malheureus­ement. Puis, il y a le troisième, qui fut construit pour contrer une invasion terrestre provenant du sud.

La question se pose donc: en 2015, une ville peut-elle vraiment se permettre de laisser aller un tel témoin de son histoire, lequel fait partie d’un ensemble reconnu «d’importance historique nationale» et représente un dispositif quasiment unique au monde?

D’autant plus que Lévis fait face à Québec, ville patrimonia­le par excellence, et qu’elle doit multiplier les efforts pour se faire attrayante. Un superbe effort a été fait pour améliorer les bâtiments patrimonia­ux résidentie­ls, dans le Vieux-lévis. Pour une ville qui revitalise son secteur de la traverse et souhaite accueillir des touristes, le fait de protéger de tels vestiges, situés non loin du boulevard Guillaume-couture, apparaît comme une formidable occasion.

La Ville pourrait acquérir le terrain à peu de frais

SITE À SAUVEGARDE­R

La persévéran­ce et l’amour du patrimoine de l’exconseill­er municipal Pierre-paul Sénéchal, qui est aujourd’hui président du Groupe d’initiative­s et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), ont déjà permis de sauver d’autres sites historique­s, notamment les casemates de Beaumont, vestiges de la Première Guerre mondiale, et le parc Vincennes, premier domaine seigneuria­l de Beaumont. M. Sénéchal s’est battu avec d’autres passionnés et est parvenu à ses fins.

Or, la solution que lui et le GIRAM proposent, loin d’être folle, apparaît même vraiment intéressan­te pour la ville. Lévis pourrait en effet se prévaloir, afin de sauver le fort, de la donnée figurant dans la Loi sur l’aménagemen­t et l’urbanisme, qui oblige les promoteurs à utiliser une part du terrain, avant de le subdiviser pour construire, pour aménager un parc ou un espace vert.

À Lévis, cette part est fixée à 10 %, et comme le promoteur possède plusieurs autres terrains, la Ville pourrait concentrer ces espaces consacrés sur ce même lieu où se trouve le Fort numéro 3.

La Ville pourrait ainsi acquérir le terrain à peu de frais et entreprend­re des démarches pour une réhabilita­tion du site dans le futur. À l’heure où le gouverneme­nt fédéral se montre ouvert face aux projets d’infrastruc­tures, le moment serait bien choisi pour un tel sauvetage.

DÉLABRÉ ET DÉGRADÉ

Certes, le Fort numéro 3 est délabré et dégradé, comme en fait foi le rapport du Comité de démolition de la Ville de Lévis. Normal, après plus de 155 ans d’abandon et avoir servi de fondation pour une usine de béton. Toutefois, aucune étude indépendan­te n’a encore été effectuée afin de connaître l’état du bâtiment.

L’idée de se fier à un ingénieur embauché par le propriétai­re du terrain pour conclure à l’impossibil­ité de restaurer, comme l’avance le GIRAM au sujet du rapport du Comité de démolition de la Ville de Lévis, apparaît fort peu sérieuse.

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