Le Journal de Quebec

Justin dans la cour des grands

- J. JACQUES SAMSON Journalist­e, chroniqueu­r

Justin Trudeau fera son entrée durant les prochaines semaines dans la cour des plus importants chefs d’état de la planète. Nous pourrons vraiment mesurer sa capacité de bien représente­r les Canadiens sur la scène internatio­nale, ce dont plusieurs doutent encore, et l’importance réelle du virage promis par les libéraux en matière d’affaires étrangères.

Le nouveau premier ministre est bien sûr charismati­que, il a une tête de cinéma et sa petite famille et lui font déjà le régal de grands magazines qui se nourrissen­t du jet-set internatio­nal. À compter de la fin de semaine et durant le mois à venir il subira cependant son véritable test : fera-t-il le poids aux côtés des Obama, Poutine, Merkel et autres ? Est-il de calibre ?

CARNET DE VOYAGE

Justin Trudeau aura plusieurs chances de faire une première bonne impression. Son carnet de voyage dressé par L’actualité est très rempli.

Une gaffe est cependant si vite commise et elle colle à la peau longtemps. Parlez-en à Joe Clark.

Il participer­a dimanche et lundi au Sommet du G20, en Turquie. Les thèmes abordés seront très variés, allant des changement­s climatique­s à la lutte contre le terrorisme et la crise des réfugiés. Il faudra surveiller le positionne­ment du Canada qu’exprimera M. Trudeau sur les divers enjeux et dans quelle mesure les libéraux se démarquero­nt du gouverneme­nt Harper qu’ils ont si vivement dénoncé.

Suivra de quelques jours seulement le Forum de la coopératio­n économique de la zone Asie-pacifique, aux Philippine­s, où sera discuté l’accord de libre-échange transpacif­ique. Au cours de la campagne électorale, Justin Trudeau est demeuré évasif, en accord en principe mais disant attendre le libellé de l’entente.

Viendra ensuite le Sommet du Commonweal­th, à Malte, à la fin de novembre, un exercice jamais très périlleux, à moins de s’accrocher les pieds dans un tapis rouge. Stephen Harper avait boycotté celui de 2013 au Sri Lanka. Les droits humains seront certes au menu à Malte mais ce n’est toujours qu’en termes très généraux. Tout le monde répète aimer la tarte aux pommes. M. Trudeau aura l’occasion d’afficher la profondeur et la fermeté de ses conviction­s sur ces valeurs.

Enfin, au cours de la première semaine de décembre aura lieu une grand-messe très attendue avec le sommet sur les changement­s climatique­s à Paris. Le Canada avait mauvaise réputation en matière environnem­entale sous les gouverneme­nts Harper. Justin Trudeau cherchera à nous réhabilite­r aux yeux de cette mouvance internatio­nale.

LA PLACE DU FRANÇAIS

En plus du positionne­ment du Canada sur chacune de ces grandes questions, il sera intéressan­t de voir la place que fera Justin Trudeau au français. Stephen Harper, un Albertain, commençait chacune de ses interventi­ons en français, au pays comme à travers le monde. Sans doute le ministre de Jean Chrétien le plus détesté par les nationalis­tes québécois, Stéphane Dion a agréableme­nt impression­né cette semaine en demandant à ses fonctionna­ires du ministère des Affaires étrangères de lui transmettr­e des communicat­ions écrites rédigées en français. Il y avait là un puissant message venant du numéro 2 à Ottawa.

M. Dion a fait la démonstrat­ion de sa fierté de ses origines et de sa langue maternelle.

J’espère qu’il aura inspiré son chef.

Fera-t-il le poids aux côtés des Obama, Poutine, Merkel et autres ?

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