Le Journal de Quebec

La CAQ a de l’avenir

- GILLES PROULX Communicat­eur, spécialist­e de l’histoire cgilles. proulx@quebecorme­dia.com

Non, pour François Legault, les carottes ne sont pas cuites. Contrairem­ent à la presque totalité de mes collègues journalist­es, je prédis de beaux jours à sa formation. Elle vient de se donner ce qui lui manquait cruellemen­t depuis sa fondation: un plan de match national cohérent et réaliste.

L’autonomism­e est le chaînon manquant du débat politique actuel.

Non seulement c’est un créneau politique disponible, mais… c’est ce que les Québécois veulent en majorité!

Le «Québec fort dans un Canada uni» dont parlait Yvon Deschamps dans un fameux monologue demeure l’option préférée des gens.

Pour la CAQ, le choix du bleu sera payant.

AVIS DE DÉCÈS PRÉMATURÉ

Il est injuste de voir dans les résultats de lundi dernier – décevants pour la CAQ – une conséquenc­e des prises de positions exprimées la veille pendant son conseil général…

La Coalition avenir Québec avait jusque-là un talon d’achille. Plus maintenant. Sur la question nationale, Legault était celui qui disait qu’il ne voulait rien dire et qui répondait aux questions en disant qu’il y penserait plus tard…

Maintenant, face à un PQ et à un PLQ qui ne peuvent pas se montrer respective­ment aussi indépendan­tiste et fédéralist­e qu’ils le voudraient, la CAQ parlera pour la majorité.

Le fédéralism­e «statutquis­te» (pro1982) est impopulair­e.

Le souveraini­sme à tout prix est impopulair­e. L’autonomism­e est rassembleu­r. Il n’y a pas de souveraini­stes chez les libéraux et pas de fédéralist­es chez les péquistes; or, il y a beaucoup d’autonomist­es, même dans ces deux partis.

L’autonomism­e, ça ratisse large. Si un seul parti s’en fait le véhicule, la CAQ, c’est lui qui exprimera les aspiration­s de la majorité… ce qui va finir par paraître dans les urnes.

UN PARTI NATIONAL

Souvenez-vous de l’exaspérant­e attitude de François Legault qui, dès qu’on lui parlait de constituti­on, disait: «On verra» ou «Ni pour, ni contre».

Il misait sur la lassitude de l’opinion publique sur ces questions pour gagner des points… Au sujet de la question nationale, sa position était de ne pas avoir de position.

«Les gens sont tannés de ces ques- tions, alors ils vont voter pour moi si je n’en parle pas»: voilà ce qu’était sa doctrine.

En cela, François Legault reproduisa­it l’énorme erreur de Mario Dumont qui votait un moratoire d’une génération sur la question nationale… de sorte que le fédéral a pu décider de la question sans nous avec sa Cour suprême.

La CAQ avait beau regorger de bonnes idées, que le PLQ lui volait souvent, il lui manquait une dimension: nationale.

Bourassa affirmait pouvoir accomplir 70 % du programme de René Lévesque sans changement constituti­onnel; pourquoi ne pas suivre cette voie (ce pour quoi Bourassa n’a pas eu le courage)?

Renforçons la loi 101. Investisso­ns dans les programmes d’intégratio­n des immigrants. Si le Canada rouspète? Clause nonobstant!

Avec le 150e anniversai­re de la confédérat­ion (qui est vraiment une fédération), c’est le moment de faire savoir que 1982, ça ne passe pas!

Dernière remarque: François Legault n’est pas seul à bord de son navire. Pourquoi ne pas donner plus de place aux Nathalie Roy (EX-TQS), François Bonnardel et François Paradis?

La CAQ avait beau regorger de bonnes idées, que le PLQ lui volait souvent, il lui manquait une dimension : nationale

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