Le Journal de Quebec

Il faut fuir les fabulateur­s

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

En lisant la lettre de Suzie dans ton Courrier, ça m’a fait remonter dix ans en arrière quand je partageais la vie d’un garçon plus vieux que moi qui se comportait exactement comme son chum avec elle. Il me méprisait quand je disais des choses avec lesquelles il n’était pas d’accord et me faisait sentir comme minable et insignifia­nte devant nos amis.

Mais le pire, c’était qu’il mentait à peu près sur tout comme le chum de Suzie, et que j’acceptais ça, même si je m’en rendais compte, parce que j’étais amoureuse de lui. Notre histoire a duré cinq ans, alors que j’aurais dû partir vite. Mais comme il me répétait, à l’égal du chum de Suzie d’ailleurs, que jamais je ne retrouvera­is un homme aussi bien que lui si je partais, ça me faisait peur, ce qui me retenait sur place. Et je finissais par me convaincre que c’était moi qui avais tort.

Je voudrais dire à Suzie que c’est grâce à une amie qui m’a dit exactement la même chose que toi Louise et qui ne m’a pas lâchée jusqu’à ce que je me décide à partir, que je me suis sortie de mon enfer. J’espère qu’elle aura le courage de suivre tes conseils Louise, car c’est sa seule porte de sortie vers une vie équilibrée. Et je ne parle même pas ici de bonheur. Car ça m’a pris un autre trois ans de thérapie pour comprendre ce qui m’était arrivé et me refaire une santé morale.

Il a fallu que j’accepte qu’un menteur fabulateur va le rester toute sa vie parce qu’il ne veut pas changer, que j’accepte aussi que c’était moi qui avais un problème de confiance en moi, et que je devais travailler à m’en bâtir une si je souhaitais être heureuse un jour avec quelqu’un qui m’aimerait pour vrai. Je ne veux pas la décourager, mais ce jour-là n’est même pas encore arrivé, cinq ans après ma séparation.

Ma thérapeute m’a fait comprendre que ce type d’homme sait exactement à quel genre de femme s’adresser pour la démolir, et que j’étais un prototype parfait. Je travaille fort depuis cinq ans à me reconstrui­re. Il m’a fallu fouiller dans mon enfance pour comprendre d’où venait mon manque de confiance. Mais je vais y arriver, grâce à l’espoir, et à l’aide de mon amie qui ne m’a jamais lâchée. « N’at- tends pas une jour de plus Suzie, fais-toi aider et vas-t-en de là. »

Une fille qui vit d’espoir

Je ne pouvais espérer un coup de pouce plus extraordin­aire que le vôtre pour inciter Suzie à agir pour elle. J’espère également qu’elle trouvera sur son chemin une amie comme la vôtre susceptibl­e de la guider vers son émancipati­on. La dépendance affective, autre signe évident d’un manque d’estime de soi, n’est pas facile à déloger de quelqu’un. Mais c’est possible, et surtout souhaitabl­e, si elle ne veut pas périr étouffée par ce manipulate­ur qui risque avec le temps, de la détruire complèteme­nt.

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