Le Journal de Quebec

Réfugiés : assumer ses décisions

- MARIO DUMONT e ∫ Blogueur au Journal mario.dumont@quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Justin Trudeau a gagné son élection avec des intentions clairement annoncées sur la question des réfugiés. Cette volonté d’accueillir 25 000 réfugiés syriens avant la fin de l’année continue d’être réitérée avec force et est donc devenue la politique officielle du gouverneme­nt du Canada. Vingt-cinq mille réfugiés sur une période d’environ six semaines, il s’agit d’un défi logistique à peine imaginable.

Il y a quelque chose de profondéme­nt inspirant dans l’appel du nouveau gouverneme­nt à un dépassemen­t collectif de générosité envers des gens qui traversent des misères indescript­ibles. Nous sommes tous interpellé­s à participer à une corvée collective pour partager notre coin de la planète avec des gens ayant tout laissé derrière eux. Des gens qui cherchent maintenant une terre pour vivre et faire grandir leurs enfants.

Néanmoins, notre volonté d’aider ne nous soustrait pas à des réalités terreà-terre. L’accueil de ces réfugiés comporte un coût considérab­le à plusieurs niveaux. Des personnes qui ont tra- versé autant d’épreuves et vécu la promiscuit­é des camps de réfugiés vont nous arriver avec des problèmes de santé. Ils devront obtenir les soins requis dans notre système de santé déjà sous pression.

L’ÉCOLE SOLLICITÉE

Aussi, les milliers d’enfants qui arriveront doivent fréquenter l’école dès le retour des vacances des fêtes. Ce défi apparaît encore plus énorme et a fait l’objet de questionne­ments durant la semaine qui s’achève. Leurs besoins seront immenses. Ces enfants ne parlent pas un mot de français, ne connaissen­t pas bien leur pays d’ac- cueil, ni nos moeurs, ni nos coutumes. Ils ont été brutalemen­t déracinés de leur maison par la guerre pour vivre une longue période dans le désarroi, la tension et l’incertitud­e.

Pour ajouter à la complexité, ce sont des enfants qui ne sont pas allés à l’école depuis plusieurs mois ayant vécu dans des camps pour réfugiés. On imagine facilement l’ampleur des besoins en services spécialisé­s pour les intégrer à l’école régulière. Or, les services spécialisé­s constituen­t précisémen­t le noeud de toutes les récriminat­ions des écoles après les restrictio­ns budgétaire­s. Nombre d’enfants avec des besoins particulie­rs ont reçu des services réduits ou ont carrément été placés en attente, dû aux coupures de psychologu­es, d’orthopédag­ogues, etc.

QUI PAYE ?

Le gouverneme­nt Trudeau a pris un engagement ambitieux en matière de réfugiés. Le fédéral détient d’ailleurs la responsabi­lité constituti­onnelle du dossier des réfugiés. C’est lui qui détermine le nombre de réfugiés ainsi que le rythme de leur entrée au pays. Justin Trudeau doit assumer pleinement les conséquenc­es de ses décisions et prévoir les nouveaux budgets qui sont requis pour réussir l’accueil de nos nouveaux concitoyen­s.

Nous sommes des privilégié­s dans le monde. Nous avons un devoir d’aider. Malgré cela, s’il devait arriver que les ressources supplément­aires requises pour les réfugiés syriens ne soient pas au rendezvous en éducation, des tensions sont à prévoir. On imagine la réaction épidermiqu­e des parents d’un enfant avec TDAH qui se sont déjà fait couper des services spécialisé­s et qui se feraient annoncer que les réfugiés syriens passent devant eux…

Les politicien­s fédéraux voudront paraître généreux sur la photo lorsque des enfants syriens descendron­t de l’avion. Ils ne peuvent pas se sauver lorsque vient le temps de fournir les moyens.

Ils ont été brutalemen­t déracinés de leur maison par la guerre pour vivre une longue période dans le désarroi, la tension et l’incertitud­e

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