Le Journal de Quebec

La famille est en deuil

- J. JACQUES SAMSON Journalist­e, chroniqueu­r cjjacques. samson @quebecorme­dia.com

Nous nous souvenons tous où nous étions et ce que nous faisions au cours de l’avant-midi du 11 septembre 2001 quand des terroriste­s d’al Qaïda ont commis contre les États-unis les attentats les plus meurtriers de l’histoire. Nous nous souviendro­ns de la même façon de ce vendredi 13 de novembre 2015.

Le bilan des morts et des blessés est certes bien inférieur aux 2977 victimes et 6291 blessés des quatre attentats suicides de 2001 aux ÉtatsUnis. Mais la cruauté des terroriste­s qui ont tué plus d’une centaine d’innocents à Paris hier est la même.

De plus, les pertes auraient pu être dramatique­ment plus importante­s si un terroriste avait pu faire exploser un engin meurtrier à l’intérieur du Stade de France, où quelque 60 000 personnes assistaien­t à un match de soccer.

VOISINS ET COUSINS

Les attentats de 2001 et d’hier ont par ailleurs visé les deux peuples avec lesquels les Québécois entretienn­ent les relations les plus étroites, le peuple américain et le peuple français.

Nous nous visitons en tant que voisins dans le premier cas et comme membres d’une même famille dans le second.

Nous nous nourrisson­s de la culture des deux. Nos économies sont imbriquées.

L’annonce des attentats commis en cascades hier est venue nous chercher émotivemen­t. J’ai passé des heures rivé au téléviseur, révolté. La famille est en deuil.

Notre premier devoir est donc d’assurer les Français de notre profonde sympathie, de notre soutien moral et de notre appui, sous TOUTES les formes qu’ils souhaitero­nt.

Ce support dans le malheur assuré aux Américains en 2001 par les Canadiens a été très apprécié et il n’a d’ailleurs pas été oublié. J’ai pu le constater lors d’une visite à New York. Le propriétai­re d’un pub irlandais voisin de Ground Zero m’a montré avec émotion des écussons et des photos de pompiers québécois qui s’étaient rendus prêter main-forte à leurs collègues américains.

LA MEILLEURE RÉPLIQUE

Des terroriste­s peuvent sévir n’importe quand et n’importe où. Hier c’était Paris; un autre jour, ce pourrait être Montréal, Toronto, Vancouver.

Les chefs d’état et de gouverneme­nt ordonneron­t à la fois des mesures apparentes — et contraigna­ntes — de sécurité et une lutte souterrain­e au terrorisme encore accrue par les agences spécialisé­es. Des attaques musclées seront aussi nécessaire­s.

Le débat sur le rôle du Canada sous le nouveau gouverneme­nt de Justin Trudeau est évidemment relancé, avec pertinence et une acuité décuplée.

On ne fait pas la guerre avec des prières et des papiers-mouchoirs seulement.

La première réplique des peuples libres est toutefois de ne pas plier les genoux par crainte des terroriste­s. De ne pas s’empêcher de mener leur vie normale, de tenir les rassemblem­ents prévus, de fêter ce qu’ils ont toujours fêté, de fréquenter les spectacles et les événements sportifs qu’ils aiment. C’est l’essence même du terrorisme de semer la peur pour asservir.

C’est aussi une leçon que j’ai apprise des Américains en 2001 et dans les années qui ont suivi.

Le peuple français a connu les horreurs des deux Grandes Guerres mondiales. Il les a traversées avec courage, dignité et solidarité. Ces qualités inscrites dans sa génétique nationale lui seront encore très utiles aujourd’hui.

La première réplique des peuples libres est de ne pas plier les genoux par crainte des terroriste­s

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