Le Journal de Quebec

Les banques affirment freiner l’évasion et l’évitement fiscaux

Des avoirs canadiens de 300 milliards $ dorment à l’étranger à l’abri de l’impôt

- Jean-nicolas Blanchet l Jnblanchet­jdq

Les Canadiens ont une fortune qui totalisera­it près de 300 milliards de dollars dans les paradis fiscaux, mais les grandes banques du pays martèlent qu’elles prennent tous les moyens pour mettre un frein à l’évasion et l’évitement fiscaux.

Comment autant d’argent peut-il avoir été transféré alors que les banques disent ne pas encourager cette pratique?

C’est l’une des nombreuses questions que les élus ont posées aux représenta­nts des grands banquiers du Canada, qui étaient convoqués à l’assemblée nationale hier afin que soit éclairci le «phénomène du recours aux paradis fiscaux».

«Ce n’est aucunement notre politique que d’aider des gens à faire de l’évasion ou de l’évitement fiscal. On n’a aucun intérêt à travailler avec des gens qui ne veu- lent pas respecter la loi […] Ce n’est pas de gaieté de coeur qu’on voit ces choses-là se produire à travers le monde.»

Ces propos des vice-présidents de la Banque Nationale, Jean Dagenais et Claude Breton, résument une bonne partie du message qu’ont livré les banquiers qui ont défilé au parlement (Nationale, Scotia, Royale et Montréal).

Quelques députés ont posé des questions plus pointues aux banquiers, même si le gouverneme­nt voulait éviter que le tout ne se transforme en procès.

LA BANQUE ROYALE CONDAMNÉE

Le péquiste Jean-françois Lisée a fait référence au fait que la Banque Royale du Canada a dû payer récemment 35 millions de dollars aux autorités américaine­s après avoir orchestré un stratagème avec des filiales étrangères dans le but de diminuer le paiement d’impôts au Canada.

Il questionna­it alors le directeur de l’associatio­n des banquiers canadiens, Éric Prud’homme. «Vous avez dit que les banques du Canada respectent inconditio­nnellement les lois du pays et celles des autres territoire­s […] [C’est] faux […] puisque la Banque Royale du Canada admet qu’elle n’a pas respecté la loi américaine», a dit M. Lisée, mettant en lumière la «contradict­ion».

«On ne commente pas des cas spécifique­s», a répondu M. Prud’homme.

Le député caquiste André Spénard a critiqué le fait que les banquiers nommaient les paradis fiscaux des «juridictio­ns à faible taux d’imposition» et il a demandé: «Il y a 300 milliards de dollars dans les paradis fiscaux. J’imagine que cet argent transite par quelque part […] Quelle est l’implicatio­n de vos membres dans ces 300 milliards?»

Ce à quoi le représenta­nt de l’associatio­n a répondu que les banques veulent s’assurer qu’elles sont concurrent­ielles sur le plan internatio­nal, justifiant ainsi l’importance d’avoir des bureaux à l’étranger.

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Associatio­n des banquiers canadiens
ÉRIC PRUD’HOMME Associatio­n des banquiers canadiens

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