Le Journal de Quebec

La colère gronde toujours

À l'aube de 2016, les producteur­s composent encore avec plusieurs dossiers délicats

- DENISE PROULX

En 2015, la colère des agriculteu­rs québécois aura été au centre de l’actualité.

Pour une première fois depuis plusieurs années, ils sont descendus dans la rue avec leurs tracteurs et leurs familles pour informer la population des enjeux qui mettent en péril une industrie locale de même que plusieurs régions du Québec. Voici les dossiers, loin d’avoir été réglés en 2015, qui continuero­nt à faire l’actualité en 2016.

ACCAPAREME­NT DES TERRES

Une étude de la Financière agricole dévoilait en août que la valeur moyenne des terres en culture a bondi de 27 % entre 2013 et 2014, pour passer à 15 657 $ l’hectare. Le phénomène, en accélérati­on depuis cinq ans, a été étudié au printemps par des élus de l’assemblée nationale dans le cadre d’audiences de la Commission de l'agricultur­e, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles (CAPERN) qui tarde à remettre son rapport.

La CAPERN s’est plutôt prononcée sur la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) qui perdrait du pouvoir décisionne­l au profit des municipali­tés.

Le gouverneme­nt du Québec a aussi déposé le projet de loi 85, en décembre, qui enlève toute juridictio­n de la CPTAQ sur 500 hectares de terre, compris dans le périmètre du projet de pôle logistique dans la région de Vaudreuil-soulanges, lié à la Stratégie maritime du Québec.

GESTION DE L’OFFRE

Depuis le début de l’été et durant la campagne électorale fédérale, les consommate­urs ont été sensibilis­és au fait que 40 % de l’économie agricole du Québec repose sur la production de lait, de volailles et d’oeufs, et que la survie de ces fermes sous gestion de l’offre est menacée par les accords de libreéchan­ge avec l’europe et le Partenaria­t transpacif­ique (PTP).

En outre, une faille dans la réglementa­tion frontalièr­e permet aux transforma­teurs de s’approvisio­nner en protéines laitières et poules de réforme, créant des surplus du côté canadien qui font chuter le prix payé aux producteur­s.

Les producteur­s laitiers ont mené la charge pour exiger du fédéral de fermer la frontière canadienne à l’importatio­n de protéines liquides qui servent à la fabricatio­n de yogourt, fromages et autres aliments comprenant une base de lait.

Une étude commandée par Agropur, a démontré que près de 24 000 emplois directs risquent de disparaîtr­e si le PTP est adopté comme tel, malgré une compensati­on de 11 000 $ par ferme, sur 15 ans, promise par le gouverneme­nt Harper. Depuis l’élection du gouverneme­nt Trudeau, la ministre du Commerce internatio­nal, Chrystia Freeland, a promis que le PTP sera étudié en détail et présenté aux Canadiens, qui pourront le commenter.

TRAVAILLEU­RS AGRICOLES

Tout au long de l’année, les agriculteu­rs ont vertement dénoncé les nouvelles règles d’accueil des travailleu­rs guatémaltè­ques et mexicains. En août, une quarantain­e de pomiculteu­rs ont été menacés de perdre leurs récoltes, à cause de la lenteur du traitement des dossiers par Citoyennet­é et Immigratio­n Canada.

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Des agriculteu­rs avaient manifesté leur désaccord quant au projet de pôle logistique dans la région de Vaudreuil-soulanges.

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