La légende de Jaromir

SUNRISE | Il y a seulement trois noms devant Jaromir Jagr pour le plus grand nombre de points dans la LNH: Wayne Gretzky, Mark Messier et Gordie Howe. Et il y en a également seulement trois devant lui pour les buts : Gretzky, Howe et Brett Hull.

À 43 ans, Jagr appartient déjà à la catégorie des légendes du hockey.

Au quatrième rang pour les points (1828) et les buts (733), le Tchèque pourrait grimper de quelques positions d’ici à la fin de sa carrière, à une date qui reste inconnue.

Le numéro 68 n’a besoin que de 22 points pour rattraper Howe et il lui manque seulement huit buts pour écrire son nom au côté de celui de Hull.

À quelques heures du match contre le CH, le doyen de la LNH a rencontré les journalistes montréalais. De bonne humeur, Jagr a dit qu’il ne faisait pas une obsession de ses statistiques.

«Si c’était réellement dans mon esprit, je n’aurais jamais joué trois ans en Russie [Omsk], a-t-il rappelé. Je pourchasserais pratiquement Gretzky si je n’avais pas fait un détour dans la KHL. Pour moi, le plus important reste d’avoir du plaisir et de gagner. Quand tu gagnes, tu n’es pas fatigué.»

DEVANT LE MAÎTRE

À ses débuts avec les Penguins de Pittsburgh en 1990-1991, Jagr a appris de l’un des plus grands de l’histoire du hockey, Mario Lemieux. Aujourd’hui, l’élève a dépassé le maître pour les points et les buts. Mais, Jagr n’a pas oublié le talent incroyable du grand 66.

«Vous savez quoi, je ne pensais pas le devancer un jour, a-t-il affirmé. J’ai tellement appris de lui. Les jeunes joueurs n’ont aucune idée à quel point Mario était bon. Il n’y a personne qui se compare à lui. Il était dans un monde à part. Moi, je le sais, j’ai joué avec lui. La seule chose triste avec Mario, c’est qu’il a eu des problèmes de santé. Sans les blessures, il serait bien plus haut dans la liste des points.»

Avec ses 1723 points en seulement 915 rencontres, Lemieux a toutefois une moyenne de 1,88 point par match, ce qui est de loin supérieur à celle de Jagr (1,15). Seul Gretzky devance Lemieux dans cette catégorie avec 1,92 point en moyenne par rencontre.

ENCORE LA PASSION

Le 23 décembre dernier, Jagr a démontré une fois de plus qu’il n’avait rien perdu de son amour pour son sport. Atteint d’un coup de bâton au visage de la part d’alex Chiasson, des Sénateurs d’ottawa, l’ailier droit a perdu quelques dents. Avant de rentrer au vestiaire, il a pris soin de consoler Chiasson en lui donnant une petite tape amicale.

«À son retour sur le banc, il riait et il nous disait qu’il avait peur de ne pas pouvoir manger à Noël, a raconté Jonathan Huberdeau. C’est le fun de le côtoyer. Il est toujours à l’aréna et il parle constamment aux plus jeunes.» À sa 22e saison dans la LNH et à sa huitième équipe avec les Panthers, Jagr n’est plus aussi dominant, mais il reste un rouage très important de l’équipe de Gerard Gallant.

«On me pose la question pratiquement tous les jours au sujet de Jaromir, a dit Gallant. Il a 43 ans et il est encore l’un de

RALENTIR LE JEU

nos meilleurs joueurs sur une base régulière. C’est assez fou de voir ce qu’il peut accomplir.»

Jagr, lui, ne se soucie pas trop de son âge.

«Je rajeunis, je ne comprends pas de quoi vous me parlez, a-t-il répliqué. J’aime toujours autant le hockey qu’à mes 25 ans. Encore plus aujourd’hui puisque l’équipe gagne.

«Si tu veux survivre dans cette ligue, tu dois t’ajuster puisque le jeu a tellement changé, a-t-il continué. Les gars sont plus rapides. Je dirais que la compétition n’a jamais été aussi relevée.»

Depuis ses premiers pas dans la LNH, Jagr a toujours été l’un des meilleurs en possession de rondelle. À 6 pi 3 po et 230 lb, il ne perd pas la petite noire facilement. Et, encore aujourd’hui.

«Écoutez, j’ai toujours dit que celui qui a la rondelle contrôle la vitesse du jeu, at-il affirmé. Tant que je peux avoir la rondelle sur mon bâton, je parviendrai à me débrouiller en dictant le tempo. Quand je l’ai, on joue à ma vitesse. Ils peuvent patiner comme des fous autour de moi, ça ne me dérange pas.»

« Les jeunes joueurs n’ont aucune idée à quel point Mario [Lemieux] était bon » – Jaromir Jagr