Le Journal de Quebec

SA VIE GACHÉE A JAMAIS

Son père assassiné dans Saint-sauveur

- Nicolas saillant

Depuis que le touriste français Joachim Aracil a été gratuiteme­nt assassiné dans le quartier SaintSauve­ur l’été dernier, la vie de sa fille a été totalement chamboulée par le drame.

«C’est un meurtre gratuit qui a gâché ma vie», a confié Christine Aracil en entrevue au Journal. Le 12 juillet dernier, Christine Aracil laissait ses parents Joachim, 82 ans, et Arlette, 76 ans, au logement emprunté à une amie dans le quartier Saint-sauveur, après une première journée à visiter Québec. Christine vivait alors, depuis trois ans, avec son mari et ses deux enfants à Sept-îles. Ses parents étaient en visite au Québec pour la première fois.

De retour à l’appartemen­t après quelques courses, Christine apprend avec stupéfacti­on d’un policier que son père vient d’être assassiné par arme blanche, tandis que sa mère a été gravement touchée à un poumon, au bras droit et à la mâchoire.

«On cherche encore», lance Christine, qui ne comprend toujours pas pourquoi Sylvain Fournier, 41 ans, s’en est pris à ses parents avec un couteau de «boucher».

SAUVAGE

Assis sur une chaise, Joachim n’a rien pu faire contre l’homme en crise. «Mon papa était déjà atteint, il lui a coupé la carotide et c’était terminé.» Sa conjointe s’est couchée sur la victime espérant qu’ils se protègent mutuelleme­nt. Touchée, elle a eu la vie sauve grâce à l’interventi­on rapide des voisins.

«Quand ils [les ambulancie­rs] sont arrivés, elle leur a dit: “Ne nous séparez pas, on va mourir tous les deux!”», raconte Christine. Trois opérations d’urgence ont toutefois permis de sauver Arlette. Hypothéqué­e, la dame de 76 ans est demeurée trois mois au Québec avant d’avoir le droit de reprendre l’avion pour la France.

DÉMÉNAGEME­NT EN CATASTROPH­E

Au chevet de sa mère, Christine a pris en quelques jours la décision de déménager sa famille de Sept-îles à Québec. Laissant son emploi, elle s’est retrouvée «ai- dante naturelle» du jour au lendemain lorsque sa mère a eu son congé de l’hôpital. «Elle est handicapée de tout son bras droit. Quand elle parle, elle a toute la mâchoire qui part vers la droite. Elle a dû se nourrir à la paille pendant plusieurs semaines.»

De plus, la famille qui avait un visa temporaire a jonglé avec certains problèmes d’immigratio­n pendant tous ces mois. «Ma maman est retournée en France, mais moi j’ai encore des problèmes», explique Christine, forte dans l’épreuve.

Si L’IVAC a soutenu la famille, le déménageme­nt et les frais hospitalie­rs d’environ 5000 $ non remboursés par l’assurance du couple pèsent lourd sur Christine, sans travail depuis l’été. «Ce meurtre-là nous a mis dans la rue.»

Christine se bat donc en même temps pour avoir un emploi, pour que justice soit faite au nom de son père, pour obtenir sa citoyennet­é et pour aider sa mère qui peine à garder son équilibre psychologi­que. «Elle dit, on est venu et on a gâché toute ta vie», répète-t-elle en refusant les conclusion­s de sa mère.

Malgré cela, la famille ne veut pas re-

tourner en France. «On ne s’est pas battu pour rien! Et on aime votre pays, on a tout quitté en France, autrement on serait reparti avec ma maman», lance Christine, qui souhaite que ses efforts pour trouver du travail ici soient récompensé­s en 2016.

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 ??  ?? Christine Aracil et son conjoint cherchent à reprendre leur vie là où ils l’avaient laissée avant le meurtre gratuit du père de la dame. Photo du bas, la victime et sa femme, blessée.
Christine Aracil et son conjoint cherchent à reprendre leur vie là où ils l’avaient laissée avant le meurtre gratuit du père de la dame. Photo du bas, la victime et sa femme, blessée.
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