Audi et première classe pour le recteur
Le chef de l’université de Montréal touche aussi un salaire près de trois fois plus élevé que la ministre BUREAU D’ENQUÊTE
Rutilant VUS hybride Audi et vols en première classe : malgré une dette record de 166 M$, l’université de Montréal rembourse à son recteur Guy Breton des dépenses qui sont loin de rimer avec austérité.
M. Breton fait partie des recteurs qui ont dénoncé haut et fort le manque de financement des universités.
«Tous les Québécois» ne prennent pas «les moyens disponibles pour financer adéquatement nos universités», a-t-il lancé devant les élus du Québec en 2013.
En vertu d’une demande d’accès à l’information sur ses allocations de dépenses, il apparaît que le recteur bénéficie de conditions plus qu’enviables, en plus d’exiger le remboursement d’une foule de dé- penses loin d’être toujours nécessaires à ses fonctions.
Le recteur touche un salaire presque trois fois plus élevé que celui de la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur du Québec, Hélène David. Elle-même issue de l’udem où elle était vice-rectrice aux affaires académiques, avant d’être élue avec le Parti libéral dans Outremont, Mme David gagne aujourd’hui 158 988 $.
En 2015, le recteur Guy Breton a touché un salaire de 414 000 $, soit 50 000 $ de plus qu’à son arrivée en 2010.
En dix ans, le salaire pour le poste a grimpé de 60 %. L’augmentation est conforme aux règles, réplique l’udem, ajoutant que le salaire se «situe sous la médiane» des plus grandes universités de recherche au Canada.
CLAUSE RESSOURCEMENT
Le recteur Breton a aussi droit au controversé congé de ressourcement qui lui permettra, après son mandat, de recevoir un an de salaire équivalant à la rémunération de sa dernière année. Ce congé est accordé afin de se «ressourcer» pour rediriger sa carrière.
L’université a reconduit son mandat, car il a notamment fait rayonner l’udem en améliorant son classement dans les meilleures universités au monde.
Ce n’est donc pas étonnant si le recteur voyage aux quatre coins du monde. Il a cumulé des dépenses de 65 000 $ depuis son arrivée ( voir liste page de gauche).
Ce qui est plus étonnant, c’est que le recteur a le droit de voyager en classe affaires, ce que Québec ne paie pas à ses hauts fonctionnaires.
L’UDEM nous a expliqué que la classe affaires était payée lorsque le recteur «avait une activité peu de temps après son arrivée à destination». Les horaires «sont très chargés» et il importe de «maximiser le déplacement», ajoute l’udem.
LEXUS ET AUDI
Lorsqu’il voyage sur la route, le contrat d’embauche de M. Breton prévoit une voiture et un chauffeur messager à sa disposition.
L’UDEM lui a ainsi fourni un VUS Lexus de 2012 à 2014 au coût de 855 $ par mois et, depuis 2014, un VUS Audi Q5 hybride coûtant 862 $ mensuellement.
L’UDEM explique qu’il est plus «économique de payer un véhicule pour le recteur et les vice-recteurs que de rembourser les frais de déplacement».
Le véhicule n’est pas utilisé pour des fins personnelles, mais pour des «rencontres professionnelles».
«Nous souhaitions obtenir un véhicule hybride qui pouvait transporter confortablement 4 personnes pour des voyages à Québec et qui possède une traction intégrale. Le Q5 (Audi) est moins dispendieux que le Lexus que l’udem utilisait avant», nous a-t-on répliqué. Le recteur Guy Breton n’a pas voulu nous accorder une entrevue. C’est le service des communications de l’udem qui a plutôt répondu à toutes nos questions de façon très transparente.