Un ministère met les questions des journalistes sur Facebook
Les questions des médias au ministère de la Santé et des Services sociaux risquent désormais de se retrouver sur une nouvelle page Facebook que le personnel de Gaétan Barrette a créée.
Cette «initiative du cabinet» du ministre date de vendredi dernier. Deux jours avant, notre Bureau d’enquête publiait un article sur un contrat de 64 M$ que le Ministère souhaite octroyer sans appel d’offres pour acheter la technologie de Mediamed, une firme dans laquelle de hauts gradés libéraux se sont impliqués.
Le cabinet du ministre précise qu’il pourrait y publier les questions de n’importe quel journaliste. Mais pour l’instant, seules celles de notre Bureau d’enquête à propos de ce contrat y figurent.
Maxime Roy, directeur des communications du Parti libéral du Québec, a partagé la page Facebook, tout comme des membres du cabinet Barrette.
« ON NE VISE PERSONNE »
L’attachée de presse du ministre assure toutefois que la création de cette page Facebook n’a rien à voir avec les questions de notre collègue.
«La première publication est sur ça, mais on ne vise personne, ce sont les circonstances, dit Julie White. Le but, c’est juste de donner l’information complète pour que le public puisse se faire une idée. C’est de la diffusion d’information.»
Elle n’a pas voulu préciser dans quel contexte le cabinet pourrait à nouveau publier des questions de journalistes. «Quand les circonstances s’y prêteront, dit-elle. On se réserve le droit de le faire.»
Le Journal a voulu savoir si le ministre pourrait décider de publier des questions de journalistes avant même la publication de l’article auquel elles se rapportent, ce qui nuirait considérablement à leur travail. «Pour l’instant, ce n’est pas dans nos plans», répond Julie White.
« INHABITUEL »
Professeur émérite en journalisme à l’université Laval, Florian Sauvageau n’est pas inquiet, mais il juge le phénomène «inhabituel».
«Il sera intéressant de voir si les questions de tous les journalistes posées au ministère se retrouvent sur cette page ou si ce ne sont que celles de quelques “privilégiés”.»
Pour l’instant, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ne souhaite pas commenter cette nouvelle façon de faire, mais dit surveiller le phénomène.