Des djihadistes de L’ÉI échappent au SCRS
Le directeur avoue que certains réussissent après être revenus au Canada à quitter de nouveau le pays
Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) admet avoir perdu la trace de combattants revenus au pays après être allés gonfler les rangs de l’état islamique (ÉI).
De passage hier devant un comité du Sénat, le directeur de l’agence d’espionnage, Michel Coulombe, a indiqué qu’environ une soixantaine de combattants partis à l’étranger étaient rentrés au pays, alors que le SCRS en avait recensé au départ une vingtaine de plus.
Si certaines personnes se sont avérées après enquête ne pas être des combattants, il admet que d’autres ont réussi, après leur retour, à quitter une fois de plus le pays.
MENACE?
«Les gens reviennent et même s’ils sont sous surveillance, on ne peut pas les avoir, autant nous que la GRC, sous surveillance 24 h sur 24 et sept jours par semaine. Et quand les gens ont vraiment le désir de quitter, parfois même s’ils n’ont pas de passeport, ils vont utiliser le passeport d’un membre de la famille, d’un cousin ou d’un ami», a expliqué M. Coulombe lors d’une mêlée de presse à sa sortie du comité.
Il a soutenu que la soixantaine d’indi- vidus posaient «potentiellement une menace» pour les Canadiens.
«Certains reviennent puis reprennent une vie normale et après une certaine période on juge qu’ils ne posent pas une menace. D’autres vont continuer à être impliqués de différentes façons. Ils peuvent, par exemple, être impliqués au niveau du financement (…), de radicaliser d’autres personnes (…), de faciliter le voyage d’autres personnes. Selon leurs activités on va dédier plus ou moins de ressources», a-t-il fait valoir.
Le grand patron du SCRS a affirmé qu’environ une autre centaine de personnes se trouvant au Canada étaient également sous surveillance après avoir tenté de quitter le pays pour grossir les rangs de L’ÉI ou d’autres groupes terroristes. Il a aussi confirmé qu’environ 180 Canadiens avaient quitté le pays, pour aller combattre à l’étranger, dont une centaine en Irak et en Syrie.
LOI C-51
À deux semaines du dépôt du prochain budget fédéral, M. Coulombe a indiqué que 55 % du budget du SCRS était alloué à la lutte au terrorisme.
Il a aussi soutenu que le SCRS avait eu recours «moins de deux douzaines de fois» depuis octobre dernier à une disposition comprise dans la nouvelle loi C-51 pour contrer le terrorisme. Cette mesure particulière permet à des agents du SCRS de perturber une menace potentielle.