Qui est le plus grand?
La retraite de Peyton Manning ravive inévitablement la question. Qui est donc le plus grand quart-arrière de tous les temps? Et s’il n’y avait tout simplement pas de bonne réponse?
Les critères de jugement pour établir un «classement» des meilleurs joueurs qui ont façonné l’histoire de cette position si névralgique au football peuvent être infinis.
Bien sûr, il y a les fameuses bagues du Super Bowl. Si on se base uniquement sur ce critère, les Tom Brady, Joe Montana et Terry Bradshaw sont assurément les plus prolifiques de l’histoire.
Mais si c’est là l’unique critère, Eli Manning, le jeune frère de l’autre, serait donc un plus grand quart qu’un certain Dan Marino? L’argument des bagues peut dans certains cas se révéler redoutable. Pour d’autres comparaisons, il sera boiteux, au mieux.
PLUSIEURS FACTEURS
Et si on se basait plutôt sur les victoires? Les statistiques? L’époque dans laquelle chaque grand nom a immortalisé sa légende? Doit-on tenir compte des coéquipiers qui gravitaient autour dudit quart-arrière? Doit-on évoquer la qualité de la compétition à l’époque d’un Johnny Unitas ou d’un Peyton Manning?
Bref, vous voyez le portrait. À mon sens, Manning est un grand, un très grand. Est-il le plus grand? D’une part, trop de facteurs entrent en ligne de compte pour se prononcer avec exactitude. D’autre part, pourquoi ne pas se contenter de célébrer la fin d’une illustre carrière sans tenter de s’improviser en historiens du sport une heure après sa retraite?
UN RÉVOLUTIONNAIRE
À mon humble avis, la grande force de Manning ne réside pas dans les deux bagues chèrement conquises ni dans ses statistiques intergalactiques.
J’aime penser que Manning aura probablement été le plus grand innovateur à sa position. On a maintes fois fait état de son approche mentale, qui n’avait son égale nulle part ailleurs en dehors de Foxboro, mais c’est à la ligne de mêlée que Manning a fait sa renommée.
Le numéro 18 a carrément transformé la NFL en la faisant passer d’une ligue axée sur la course à une ligue où la passe règne. Ses appels de jeux à la ligne, sa façon méticuleuse d’étudier l’adversaire avant de mettre le ballon en jeu et de s’ajuster à la dernière seconde en ont fait un grand de sa profession.
Manning, contrairement à d’autres, n’a jamais été doté d’un bras canon. Il n’a jamais été proche d’être athlétique comme tant de ses pairs aujourd’hui. C’est par sa tête qu’il a redéfini sa position et plusieurs jeunes le citent en exemple pour ce qui est de la préparation.
On peut choisir de prendre le raccourci malhonnête et conclure que les insuccès répétés de Manning en séries ternissent son «rang» parmi les grands. Ou on peut se dire qu’il a transformé son sport, qu’il a littéralement ravivé le marché jusque là moribond d’indianapolis et qu’il a remporté deux fois le Super Bowl avec deux équipes différentes, lui qui a évolué sous les ordres de cinq entraîneurs-chefs.
Le plus grand, donc? Sais pas, mais il est certainement dans la discussion.