Les Nordiques : au neutre
Georges Laraque a sorti une grosse histoire. Histoire vitement démentie par la Ligue nationale, mais une histoire intéressante quand même.
Big Georges a soutenu que l’association des joueurs de la Ligue nationale de hockey avait été prévenue que Las Vegas aurait son équipe l’été prochain, mais que Québec n’est pas dans les plans de la LNH pour l’instant.
Le démenti officiel de Bill Daly ne veut pas dire que l’information de Laraque est fausse. Il signifie seulement que si des dirigeants de l’association ont été mis au courant d’une information nouvelle, ce fut de façon informelle au cours d’une quelconque réunion. Autour d’un verre, quand on s’est bien chicané, il se dit des choses que les communiqués démentissent un mois plus tard.
Mes propres informations confirment l’avancée de Laraque. Mais pour des raisons bien différentes.
LE FOUTU DOLLAR CANADIEN
En fait, la LNH serait prête à vendre une concession à Québecor. Un chèque de 500 M US serait bienvenu dans une année où les revenus de la ligue vont connaître une baisse importante à cause de la chute du dollar canadien. Il ne faut pas oublier que le Canada représente 60 % des revenus de la ligue après la vente des tickets. Rogers et Québecor vont verser 5,2 milliards canadiens à Gary Bettman et compagnie au cours des 10 prochaines années en droits de télévision.
Le hic, c’est qu’avec un dollar à 75 cents, ces 5,2 milliards perdent 25 % de leur valeur. Une expansion aurait très bien comblé le manque à gagner.
Je sais, pour avoir discuté avec plusieurs membres du conseil d’administration de Québecor au cours des derniers mois, que certains actionnaires importants sont frileux devant la perspective d’allonger plus de 700 millions pour un bout de papier.
Le plan d’affaires de Québecor prévoyait verser 500 millions au plus pour une concession. 700 millions, c’est une autre partie qu’on demande à l’entreprise de jouer.
UN RÉPIT
Selon mes informations, la LNH appuie Québecor dans le dossier. Par exemple, quelque part en décembre, le dollar canadien a plongé à près de 68 cents. Il est aujourd’hui à 75 cents. Quand il s’agit de convertir 500 millions $ US, c’est une économie de plus de 30 millions $ canadiens que cette simple remontée.
Il est évident que Québecor voudrait souffler un peu et voir venir les soubresauts du dollar. Or, le dollar canadien est arrimé au prix du baril de pétrole. Quand le dollar canadien valait 1,03 $US, le baril se vendait à plus de 100 $US. On pompait le sable de l’alberta et la devise de Stephen Harper flottait.
Les producteurs de pétrole de l’arabie saoudite ont décidé de laisser plonger les prix de l’or noir pour tuer dans l’oeuf l’exploration et la production du pétrole de schiste aux ÉtatsUnis. Si le baril coûte 60 $ à produire (un exemple), ça devient impossible de financer l’exploration et la mise en production de puits pour un pétrole qu’on va vendre 30 $.
Sauf qu’au passage, on est en train de ruiner l’alberta.
Et le Québec va y goûter puisque le gros de la péréquation venait des revenus du pétrole en Alberta.
Le prix du pétrole baisse parce que les réserves mondiales n’ont jamais été aussi énormes. Du pétrole, il y en a plus de disponible aux États-unis qu’il y a de réservoirs pour le stocker. Donc, grosse offre et faible demande égalent baisse des prix. C’est un principe économique vieux comme le monde.
Certains spécialistes prévoient une certaine régulation du marché d’ici deux ans. Avec une remontée du prix du baril à environ 60 $. On pourrait espérer un dollar à 80 cents et l’achat d’une concession de la LNH serait plus réalisable.
C’est un pari de plusieurs dizaines de millions…
LA REINE DU JEU D’ÉCHECS
Québecor demeure tout aussi impliquée dans ses démarches pour obtenir une équipe. Parce que ces Nordiques tant désirés sont la reine, la pièce maîtresse, d’un formidable jeu d’échecs qui comprend deux chaînes de TVA Sports, la gestion du Centre Vidéotron, des droits de télévision et une multitude de produits pour toutes les plateformes que possède l’entreprise.
Mais avec un dollar qui peut gagner cinq cents en moins d’un mois et en sachant qu’un seul cent représente 5 millions et plus à débourser, on comprend que les dirigeants de Québecor et de la Ligue nationale avancent avec la plus grande prudence dans ce dossier.
Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de Nordiques, ça veut dire que c’est plus compliqué que prévu.