Le Journal de Quebec

Quelle belle journée pour sortir du placard !

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

Après tant d’années de travail, souvent dans des domaines très différents, c’est difficile de compter le nombre de patrons que j’ai pu avoir. Selon mes souvenirs, je suis convaincu d’avoir eu plus de femmes que d’hommes comme «boss». Quand j’ai été «boss» moimême, je n’ai eu que des femmes comme adjointes. Quand j’ai écrit pour la télévision avec d’autres auteurs, c’est presque uniquement avec des femmes que je l’ai fait. Malgré ces précédents révélateur­s, j’ai réussi à me bâtir une solide réputation de macho. À l’époque, il n’était pas de bon ton pour un homme «normal» d’être féministe. Passer pour un homme rose était encore pire.

Ces derniers jours, lorsque j’écoutais les déclaratio­ns publiques de plusieurs femmes, de la ministre Lise Thériault, responsabl­e de la Condition féminine, à Marie-france Bazzo, l’audacieuse et exubérante animatrice de radio et télévision, j’ai eu le sentiment que pour plusieurs femmes, ce n’est plus de bon ton non plus d’être féministes. C’est vraiment le monde à l’envers!

MÊME CACHET QUE BESRÉ

Quand j’ai écrit la deuxième mouture de Jamais deux sans

toi, c’est Hélène Roberge, directrice des dramatique­s à Radio-Canada, qui avait eu l’intuition que la série aurait du succès. C’est elle aussi qui en avait confié la supervisio­n à Céline Hallée, une femme méticuleus­e et travaillan­te comme deux. C’est Andréanne Bournival, vice-présidente des programmes, qui avait accepté qu’angèle Coutu touche enfin le même cachet que Jean Besré, ce que je réclamais depuis le début.

Sans le jugement éclairé et l’esprit critique d’aimée Danis, présidente des Production­s du Verseau, les séries L’or et le papier et

L’ombre de l’épervier, qu’elle a produites et dont je fus l’auteur principal, n’auraient pas gagné autant de prix Gémeaux.

Je ne dirai jamais assez tout ce que je dois à Madeleine Careau, directrice actuelle de L’OSM, et Michèle Raymond, productric­e, qui furent des adjointes visionnair­es lors du lancement du réseau de Télévision Quatre-saisons. Sans parler d’auteurs comme Michelle Allen, Suzanne Aubry, Chantal Cadieux, Louise Pelletier, et d’autres qui n’ont pas mesquiné leur talent et leur imaginatio­n pour mes séries D’amour et d’amitié et

Ent’cadieux à TVA.

SEULEMENT DES FEMMES

À un moment ou l’autre, j’ai travaillé avec plaisir sous la tutelle de Jeanne Sauvé, alors ministre des Communicat­ions, de Liza Frulla, ministre du Patrimoine, de Monique Lepage, des soeurs Luce et Lucie Rozon. Aucune ne m’a fait regretter les hommes qui furent mes patrons. Quant aux subalterne­s avec qui j’ai travaillé, j’ai pris grand soin toute ma vie de n’engager que des femmes.

Enfant, comme je n’étais pas doué pour le hockey et le baseball, je passais beaucoup de temps avec ma mère dans la cuisine. Un jour, exaspérée de me voir toujours à ses trousses, elle m’a annoncé qu’elle me montrerait comment cuisiner et comment tout faire dans une maison. Ainsi instruit, je n’aurais jamais besoin d’une femme, ajouta-t-elle avec malice. Elle a dû se retourner mille fois dans sa tombe, puisque tout ce qu’elle m’a montré a permis aux cinq femmes avec qui j’ai vécu jusqu’ici «de faire, selon les mots mêmes de Louise Deschâtele­ts, une vraie vie d’homme»!

J’imagine que tous ces faits m’étiquetten­t d’emblée comme féministe. Qu’à cela ne tienne, j’assume, car c’est bien la journée idéale pour sortir du placard.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

S’il est vrai que Dieu a créé la femme d’une côte, c’est normal que les femmes aient eu toute une côte à remonter!

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