Le Journal de Quebec

Des lapins attachants

- YVES LECLERC

Il y a du plaisir et beaucoup de vie dans la pièce Lapin lapin, avec ses personnage­s bien définis, ses situations rocamboles­ques et amusantes et une mise en scène vivante et déjantée.

Le metteur en scène Martin Genest s’est payé la traite avec ce texte de Coline Serreau, à l’affiche jusqu’au 26 mars au théâtre du Trident.

La pièce raconte l’histoire d’une famille — les Lapin — qui se retrouve dans une situation où ses membres devront s’entraider pour faire libérer un des leurs qui est emprisonné.

Ils n’ont pas beaucoup d’argent et ils vivent le petit train-train quotidien, avec toutes ses difficulté­s. Il y a mama, papa, Bébert et le petit dernier, Lapin, qui résident dans un modeste un et demi. Et, tout à coup, les autres enfants de la famille reviennent un à un au domicile familial. Il y a Jeannot, poursuivi par les policiers pour une histoire de trafic de faux papiers, Marie, qui vient de divorcer et Lucie, qui a décidé de ne pas se marier avec Gérald.

Tout ce beau monde rentre au bercail, auprès de la mère, l’élément central et la force de cette famille. Celle qui veille à ce que tout marche sur des roulettes et qui pense qu’elle pourra enfin vivre et respirer un peu se retrouve tout à coup envahie.

Le minuscule appartemen­t, superbemen­t recréé, est bien rempli et déborde. Elle réalise qu’elle a été bernée et que ça ne va pas si bien que ça pour les membres de sa famille. Ça va même très mal.

Ça déménage

Le metteur en scène a choisi de faire quelques clins d’oeil au monde des lapins, avec des personnage­s qui mangent de la salade et des carottes et qui se frottent, à l’occasion, l’arrière des oreilles.

La pièce de Coline Serreau aborde des thèmes comme la place de la femme dans la société, la famille, avec ses bons et ses mauvais côtés, et le terrorisme, qui n’était pas aussi présent dans nos vies lorsque l’auteure française a écrit ce texte, à la fin des années 90.

Ces thèmes sont un peu éclipsés par la mise en scène de Martin Genest. C’est déjanté, déluré, livré avec énergie et c’est parfois cacophoniq­ue. Ça bouge, ça court, les réparties sont rapides et parfois cinglantes et le quatrième mur, qui sépare comédiens et spectateur­s, tombe à quelques reprises. Ça déménage et c’est plein de plaisir.

Dans le rôle de mama, Linda Laplante est grandiose et spectacula­ire. La comédienne joue avec aisance un personnage caricatura­l, plus grand que nature, qui finit par laisser tomber son masque et qui n’hésite pas à qualifier sa famille de bande de cinglés.

Le langage est très français et il faut quelques minutes pour s’y habituer, mais on s’attache très rapidement aux différents personnage­s de cette drôle de famille, qui, malgré les problèmes, demeure soudée et unie. Une famille qui, dans l’adversité, prend un certain plaisir à se battre et surtout à vivre.

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La comédienne Linda Laplante est spectacula­ire dans le rôle de mère du clan Lapin.

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