Décadence américaine ?
À trop avoir le nez collé sur les frasques de Donald Trump et à regarder son ascension avec une fascination morbide, on oublie de réfléchir à ce que ces primaires nous disent de l’empire américain.
À tort. Car le portrait est inquiétant. La démocratie qui inspire toutes les autres vacille.
On sait bien que tous les empires finissent par trembler, mais on peine à croire que l’amérique soit entraînée dans une spirale régressive.
ÉLITES
La première chose qui frappe, c’est le discrédit de la classe politique. Trump avance en la rejetant globalement. Selon lui, des élites molles et invertébrées ont poussé l’amérique vers l’abîme.
Bernie Sanders, même s’il n’a pas eu le même succès électoral, a enthousiasmé la jeunesse en dénonçant des élites corrompues, sans aucun sens moral et trahissant la justice sociale.
Et quoi qu’on en pense, un pays qui rejette ses élites sans en trouver de nouvelles pour les remplacer flirte dangereusement avec la décadence.
Les tensions interethniques sont vives aussi, aux États-unis.
Ce n’est pas d’hier qu’on y analyse le vote ethnique. On se demande pour qui votent les Blancs, les Noirs, les Hispaniques, les Asiatiques, les autres et ainsi de suite.
Mais le phénomène est aujourd’hui exacerbé, malgré huit ans de présidence Obama.
RÉGRESSION ETHNIQUE
L’amérique peine à s’imaginer un bien commun. Le pays est absurdement fragmenté.
C’est un peu comme si un empire angoissé voit remonter à la surface des identités régressives comme la «race».
Quel que soit le prochain président, il ne devra pas seulement gérer au mieux de ses capacités l’empire de notre temps, mais réanimer une nation angoissée.
Le problème, c’est qu’entre un Donald Trump qui incarne une caricature de révolte et une Hillary Clinton qui incarne une caricature d’establishment, les Américains ont le choix entre un exalté destructeur et une femme qui n’a jamais su toucher leur corde sensible.