Des loyers gratuits contre du sexe
VANCOUVER | (Agence QMI) Avec un marché du logement aux prix exorbitants, voilà qu’apparaissent à Vancouver sur des sites de petites annonces des messages d’hommes offrant à des jeunes femmes, à mots à peine couverts, de devenir colocataires en échange de sexe.
Le phénomène a été massivement rapporté ces jours-ci par les médias d’un bout à l’autre du pays.
«Loyer gratuit pour la bonne fille», peut-on lire dans une de ces annonces, alors que d’autres parlent de «loyer négociable: ouvert à des idées de paiements différentes» ou de «loyer gratuit pour une femme qui est d’accord pour jouer le rôle d’une épouse».
MASSAGES ÉROTIQUES
Selon le National Post, un des médias ayant parlé du phénomène, les hommes derrière ces annonces ne disent pas clairement qu’ils veulent du sexe, mais on ne peut se méprendre sur leur intention.
Une journaliste du quotidien The Province à Vancouver a contacté quelques hommes ayant publié de telles annonces en se faisant passer pour quelqu’un qui cherchait un logement. Un de ces hommes lui aurait carrément demandé si elle était consentante à lui donner des massages érotiques.
Ces annonces seraient de plus en plus nombreuses depuis environ un an, soit depuis que les prix de l’immobilier et, par ricochet, des loyers ont explosé à Vancouver.
Se loger est devenu dispendieux et les appartements abordables de plus en plus rares, alors les gens cherchent à partager leur lieu de résidence afin de diminuer les coûts. Ce genre d’annonces est aussi apparu dans des villes où le prix des logements est élevé, comme à San Francisco, New York ou Auckland, en NouvelleZélande, souligne le National Post.
INITIATIVES ILLÉGALES
Des experts et des groupes de femmes soutiennent qu’il s’agit à n’en pas douter de prostitution et donc d’initiatives illégales. Janine Benedet, une professeure à l’école de droit de l’université de la Colombie-britannique, soutient qu’en plus d’être illégales, ces annonces violent les lois provinciales régissant les droits de la personne et constituent du harcèlement sexuel.
«Il ne s’agit pas simplement d’une relation sexuelle mutuelle où les deux partagent un logement, a expliqué Mme Benedet au National Post. Cela met des personnes dans une position de très grande vulnérabilité si on pense qu’afin de continuer à avoir un toit au-dessus de leur tête elles doivent se soumettre à des actes sexuels qu’elles ne souhaiteraient pas en temps normal.»
Du côté de la police, on affirme que les annonces ne sont pas techniquement illégales en raison du choix des mots de leurs auteurs. Un porte-parole du service de police de Vancouver a toutefois indiqué qu’il y aurait enquête advenant une plainte.