Le Journal de Quebec

La lutte solitaire des parents des 43 étudiants « disparus »

- – Par Leticia Pineda, Agence France-presse

MEXICO | Les visages durcis mais dépourvus de larmes, les parents des 43 étudiants disparus ont de nouveau manifesté cette semaine, mais sans l’immense foule qui les avait accompagné­s en 2014 pour protester contre ce crime qui avait scandalisé l’opinion mondiale.

Dix-neuf mois après la tragédie, les parents des victimes demandent un suivi internatio­nal de l’enquête et assurent qu’ils continuero­nt, même seuls, à lutter pour savoir ce qu’il est advenu de leurs enfants.

«La lutte est longue et même si on est peu nombreux [...] ils devront nous tuer pour nous faire taire», affirme Emiliano Navarrete tandis qu’il défile sur la principale avenue du centre de Mexico, tenant entre ses mains la photo de son fils disparu.

La «qualité» des gens qui les soutiennen­t «importe plus que la quantité», assure-t-il, sans pour autant cacher sa déception de voir une foule si clairsemée défiler à leurs côtés.

OBSTRUCTIO­N

Ces familles ont voyagé de Tixtla, un village pauvre de l’état du Guerrero (sud), où se trouve l’école d’enseignant­s d’ayotzinapa, pour protester après la remise du rapport final d’enquête des experts de la commission interaméri­caine des droits de l’homme (CIDH).

Après un an d’investigat­ion, les experts – dont la mission n’a pas été prolongée par le gouverneme­nt mexicain – ont affirmé que les autorités avaient fait obstructio­n à la recherche de nouvelles pistes et dénoncé plusieurs cas de torture sur des suspects.

La commission a également remis en cause la version officielle des autorités selon laquelle les jeunes auraient été incinérés dans une décharge par des membres d’un cartel qui auraient ensuite dispersé leurs restes dans une rivière.

TOLLÉ INTERNATIO­NAL

La disparitio­n de ces jeunes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, après qu’ils eurent été attaqués par des policiers municipaux d’iguala, dans l’état du Guerrero, avait provoqué un tollé internatio­nal et déclenché des manifestat­ions parfois violentes dans le pays.

Bien que la popularité du président Nieto soit retombée à 30 % d’opinions positives, son Parti révolution­naire institutio­nnel (PRI) est parvenu à garder la majorité à la chambre des députés lors des élections de juin 2015.

Clemente Rodriguez, un autre parent de disparu, pense que la population s’est éloignée du mouvement, car elle s’est laissé convaincre par la version des autorités.

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Une foule immense avait accompagné les parents des 43 étudiants disparus pour protester contre ce crime qui avait scandalisé l’opinion mondiale.

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