Le Journal de Quebec

Dans les années terribles

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Grâce à son grand talent de conteuse et à son habileté à créer des personnage­s attachants, la romancière Louise Tremblay-D’essiambre recrée l’atmosphère difficile de la Seconde Guerre mondiale et montre la fureur de vivre des êtres dans le deuxième tome de sa nouvelle série, L’amour au temps d’une guerre.

Le deuxième volet de cette série couvre la période de 1942 à 1945 — une des plus meurtrière­s et des plus noires de tout le XXE siècle. Louise entraîne ses lecteurs d’un côté et de l’autre de l’atlantique, auprès des familles qu’on a pu suivre dans le premier tome.

Au Québec, les familles voient partir leurs êtres aimés dans les bases militaires, puis les voient partir au front, sans savoir s’ils reviendron­t un jour. En Europe, l’horreur de la guerre fait partie du quotidien: camps de la mort, rafles, arrestatio­ns, fuites, privations, peur et danger.

La romancière a adoré se plonger dans cette période historique, aussi exigeante soit-elle. «La Seconde Guerre mondiale nous a été si peu et si mal enseignée... Je ne savais pas qu’au-delà d’un million de jeunes soldats ont été faits prisonnier­s pendant cinq ans.»

Le retour des soldats canadiens, après le conflit, n’a pas été facile, a-t-elle pu constater. «Il y en a qui étaient pris en Angleterre. Ça a été l’enfer pour eux même si, une fois rendus au pays, le Canada a été montré comme un exemple parce qu’il y avait des cachets qui attendaien­t nos soldats pour leur permettre de repartir dans la vie.»

«FAMILLES ENDEUILLÉE­S»

Même si elle décrit les horreurs de la guerre, il n’était pas question de sombrer dans le misérabili­sme. «Je ne voulais pas que mes personnage­s fassent pitié: ils ont été tellement forts. Même s’ils n’étaient que des sacs d’os, ils gardaient un espoir et un courage absolument magnifique­s. Je voulais qu’on le sente.»

Au Québec, Louise décrit cette période du point de vue d’une famille de Pointe-à-la-truite. «Ce qu’ils connaissai­ent de la guerre, c’était que le fils, le cousin, le mari, le chum étaient partis. C’était des familles endeuillée­s: des milliers de Canadiens sont morts là-bas. Et, avec la conscripti­on, dès que tu avais 18, 19 ans, tu partais.»

«Les gens des villes ont plus souffert des restrictio­ns alimentair­es, des restrictio­ns de vêtements. Tout s’en allait pour la production de guerre. Ma mère me racontait qu’elle et sa soeur se mettaient de l’huile pour bébé sur les jambes et se faisaient une ligne noire au crayon pour faire semblant qu’elles avaient des bas de nylon.»

TROISIÈME TOME

Louise n’a pas pu laisser ses personnage­s en plan: ils reviendron­t dans un troisième tome, qu’elle est en train d’écrire.

«Je n’étais pas capable de laisser Jacob. J’ai un attachemen­t pour lui... Je voudrais tellement le rencontrer. C’est le premier personnage qui me fait cet effet: oh, wow, j’aimerais qu’il soit vivant pour vrai!»

Louise Tremblay-d’essiambre sera présidente d’honneur du 16e Festi-livre Desjardins, qui sera présenté jusqu’au 1er mai à Bergeronne­s, sur la Côte-nord.

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