Prisonnier des Japonais il y a 75 ans
Ce vétéran honoré hier nous raconte l’histoire oubliée de la bataille de Hong-kong
Un vétéran de la bataille de Hong-kong, qui a eu lieu en 1941, a été honoré, hier, à Québec, en marge du 75e anniversaire de cet affrontement souvent oublié de la Seconde Guerre mondiale.
Philip Doddridge avait 18 ans lorsqu’il a rejoint les rangs des Royal Rifles of Canada, un régiment anglophone basé à Québec.
Mettant le cap sur Hong-kong un an plus tard, le natif de New Richmond, en Gaspésie, n’avait aucune idée de ce qui l’attendait là-bas. Il s’apprêtait pourtant à participer au premier combat impliquant le Canada dans la Deuxième Guerre mondiale.
«J’avais 19 ans. On ne savait pas où on allait et on ne savait pas non plus pourquoi on y allait», raconte le vétéran.
CAPTURÉS LE JOUR DE NOËL
En décembre 1941, les Canadiens ont pour la toute première fois de la guerre affronté les tirs ennemis à Hong-kong. Le jour de Noël, ce fut déjà la fin pour les Rifles.
«Nous étions 125 à entrer dans un village. Seulement 45 s’en sont sortis», se souvient M. Doddridge, échappant un sanglot en pensant à ses frères d’armes tombés au combat.
Soixante-quinze ans après ce jour noir, Philip Doddridge a toujours le même sentiment lorsqu’il pense à l’affrontement.
«Nous nous sentions sacrifiés. Nous étions réellement condamnés». Chanceux de s’en sortir vivant, le soldat a vécu l’enfer durant les 44 mois suivants la bataille. Fait prisonnier par les Japonais, le Gaspésien n’a toutefois jamais douté de sa survie.
«Je n’ai jamais perdu espoir. J’ai essayé de garder un peu d’humour, et c’est probablement ce qui m’a sauvé. Ceux que j’ai vu abandonner, et il y en a eu, ne sont jamais revenus», affirme l’homme toujours aussi lucide malgré ses 94 ans.
AUCUN REGRET
Philip Doddridge a finalement vécu la libération et il est revenu au pays, quittant les forces armées sans aucun regret après ce qu’il avait vécu.
«Si je n’étais pas allé dans l’armée, j’aurais probablement fini par enchaîner les petits emplois. Mes quatre années là-bas m’ont fait réaliser ce que je voulais faire de ma vie», se souvient le vétéran qui a travaillé toute sa vie dans le milieu de l’éducation.
La présence de M. Doddridge aux célébrations d’hier représentait un honneur pour les Voltigeurs de Québec.
«La bataille de Hong-kong est souvent oubliée. C’est important pour notre régiment de garder ces moments bien vivants», a confié le responsable des affaires publiques Iohann Leclerc.