Le Journal de Quebec

Mes excuses à Yvon Deschamps

- Maxim maxim.martin@quebecorme­dia.com Martin

Mes chums Mike Ward et Guy Nantel qui se font censurer un numéro par l’avocat de la compagnie d’assurance qui supervise le contenu au Gala des Olivier… Eh oui, on est rendu là!

Je vous encourage à lire le texte du duo qui a été publié dans son intégralit­é hier dans Le Journal (et que vous pouvez encore retrouver sur son site): vous allez voir qu’il n’y a pas de quoi s’emporter. On n’a pas censuré des propos indécents, on a juste censuré un très bon numéro.

Même les saintes-nitouches de ce monde ne peuvent pas être offusquées par le contenu de ce numéro...

À la radio, lors de mon émission à Énergie, j’en ai profité pour lancer à mes confrères humoristes l’idée qu’on arrive en retard de 15 minutes toute la gang aux Olivier et que le gala commence sans un seul humoriste dans la salle.

En fait, je me fous de la forme que prendra notre protestati­on.

Ça peut être du tape sur la bouche en arrivant au gala ou simplement dire notre désaccord lors de nos remercieme­nts, mais, au moins, quelque chose qui dure plus que 10 secondes...

MON AMI, L’ANIMATEUR

Je ne veux pas nuire à mon chum François Morency, animateur du gala. Il travaille fort depuis six mois pour nous livrer un bon show. Même chose pour tous ceux qui ont travaillé fort sur le gala.

Je ne veux pas non plus gâcher la soirée de ma fille qui a trop hâte d’accompagne­r son père et qui est allée magasiner avec ma blonde pour que les deux soient belles à mes bras. Mais j’aimerais bien qu’elle soit plus fière de son père pour ses conviction­s que pour le complet qu’il porte.

Je me dis juste qu’il y a une façon de passer notre message et de souligner notre solidarité et notre soutien pour Mike Ward et Guy Nantel, tout en célébrant NOTRE GALA À NOUS.

L’HUMOUR EN HÉRITAGE

Et à travers cette controvers­e, je n’arrête pas de penser à Yvon Deschamps. Ce monument de l’humour n’aurait jamais pu percer dans le métier s’il débutait dans le contexte d’aujourd’hui.

Cet homme s’est battu sur scène pendant des années pour dénoncer les conditions de la femme, le racisme et tellement d’autres tabous.

Encore plus admirable, il l’a fait seul sans aucun autre appui que ses conviction­s et ses principes. Ce qui me fait croire qu’une industrie complète qui s’unit et qui fait front commun peut réussir à protéger le legs de ce grand homme: permettre à chaque humoriste de s’exprimer librement sans jamais avoir peur d’en froisser une bonne gang au passage.

En fait, on doit respecter son héri- tage. Point.

Et pour ceux qui insistent pour dire que nous, les humoristes, on va trop loin, je réponds: entièremen­t d’accord!

C’est exactement notre rôle de tester les limites. Comme l’expression le dit: Le pire ennemi du roi n’est pas l’autre roi en face, mais le fou dans sa cour…

LIBERTÉ D’ÉCRIRE

Aux Olivier, je suis en nomination dans la catégorie auteur de l’année pour mon récent spectacle. Si jamais je gagne, je me demande sincèremen­t ce que cette statuette veut dire maintenant.

Ce qui devrait être un trophée célébrant le dur labeur d’écrire un show semble se transforme­r en symbole d’une lutte pour ma liberté d’écrire ce que je veux.

Je ne sais pas ce qu’il va arriver d’ici dimanche et j’espère sincèremen­t que l’on puisse régler le tout.

Mais je souhaite encore plus que les humoristes en sortent gagnants et que, pour une fois, on puisse démontrer que le système dépend de nous et non le contraire.

Les humoristes vont trop loin ? Je suis d’accord ! C’est exactement notre rôle de tester les limites

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