Le Journal de Quebec

En colère après la mort de sa fille de six ans

La petite Megann est décédée à la suite d’une crise d’allergie

- MARIE-ÈVE DUMONT

Sylvain Lefort a perdu sa petite fille Megann à la suite d’une crise d’allergie survenue à l’école. Il dénonce l’inaction du gouverneme­nt cinq ans après le drame.

«Le dossier n’a pratiqueme­nt pas bougé. Il y a eu une pétition, on me disait qu’il y aurait une loi Megann, puis on n’en a plus entendu parler», dit-il.

L’homme de 44 ans veut qu’une loi soit mise en place pour obliger toutes les écoles à élaborer un plan d’interventi­on et de formation du personnel en cas de crise d’allergies grave, comme cela se fait en Ontario. (voir autre texte)

La petite fille de 6 ans souffrait d’une allergie au lait en plus d’être asthmatiqu­e. Ce qui ne l’empêchait pas cependant d’être une petite fille sportive. «Elle aimait jouer au soccer, elle souriait tout le temps. Elle avait une si grande joie de vivre», se rappelle son père.

L’école était bien au fait de son dossier de santé. L’enfant avait toujours son Epipen dans son sac.

Le soir du 16 septembre 2010, M. Lefort et la mère de la petite fille allaient à l’école pour une rencontre avec son enseignant­e. Ils ont laissé Megann au service de garde le temps de la réunion en classe.

UNE HEURE DE SUFFOCATIO­N

«C’est mon ex-conjointe qui l’a amenée. Ma fille venait de manger un sousmarin, qui contenait sans doute du fromage. Elle avait l’air fatiguée, mais comme c’était vendredi soir, je ne me suis pas inquiété», se souvient M. Lefort.

Le jeune père a rejoint la mère de Megann à l’école et ils sont montés à l’étage pour la rencontre de parents.

Mais la petite ne se sentait pas bien au service de garde. Elle pleurait et réclamait son père à peine quelques minutes après qu’il fut parti.

Après un certain temps, les éducatrice­s lui ont demandé de prendre ses pompes d’asthme puisqu’elle semblait avoir de la difficulté à respirer. Comme elle ne se calmait pas, elle a été amenée dans une pièce à part.

«Ils n’ont pas compris, ils pensaient qu’elle faisait des caprices. Ils l’ont lais- sée suffoquer toute seule», lâche le père.

Près d’une heure après son arrivée, une des intervenan­tes est finalement allée avertir les parents. «Quand je suis arrivé, elle était blanche comme un drap et elle avait les lèvres mauves et respirait à peine. Elle est morte dans mes bras. J’ai vu ses yeux partir, j’ai tout vu.»

Lors de l’arrivée des pompiers, les trois insufflate­urs destinés aux enfants qu’ils avaient avec eux ne fonctionna­ient pas. Les ambulancie­rs ont ensuite tenté de la réanimer, mais en vain.

PROTOCOLE NÉCESSAIRE

Le coroner n’a pu déterminer si c’était le choc anaphylact­ique ou l’asthme qui avait causé la mort. L’école n’a jamais été blâmée. Seule une recommanda­tion aux pompiers pour les insufflate­urs défectueux a été faite.

M. Lefort croit que le personnel aurait dû identifier les symptômes et appeler immédiatem­ent le 911 plutôt que de laisser l’état de Megann s’aggraver.

«S’il y avait eu un protocole d’interventi­on, si le personnel de l’école avait su quoi faire, ma fille serait peut-être encore en vie», insiste M. Lefort.

 ??  ?? Sylvain Lefort avec une photo de sa fille Megann, décédée à six ans d’une crise d’allergie. On aperçoit derrière lui une peinture de sa petite fille qu’il garde précieusem­ent.
Sylvain Lefort avec une photo de sa fille Megann, décédée à six ans d’une crise d’allergie. On aperçoit derrière lui une peinture de sa petite fille qu’il garde précieusem­ent.

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