Il faut écouter les jeunes
Politologue, consultante internationale et conférencière
Samedi dernier, les membres de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec (CJ) ont osé confronter leur gouvernement sur le plancher du conseil général, à Drummondville, sur un enjeu qu’ils estiment important, celui de l’économie de partage.
Ce qui a retenu l’attention, ce n’est pas le fond du débat entourant l’économie numérique et les transformations qu’elle engendre, avec les nouvelles applications technologiques comme Uber et Airnb. Non, ce débat n’a pas eu lieu. Ce qu’on retiendra, c’est la manière dont cette crise a été gérée.
De mémoire, et depuis la dissidence de Mario Dumont, alors président de la CJ, sur la question centrale de l’autonomie du Québec, en 1992, c’est la première fois que les jeunes libéraux sont confrontés ouvertement à leur parti, allant même jusqu’à menacer de faire battre deux ministres, au profil économique, la caquiste Dominique Anglade et le technocrate Jacques Daoust.
UN DÉBAT MAL ENGAGÉ
Au coeur du litige, une simple résolution, votée à la majorité, qui va à l’encontre du projet de loi 100, sur l’industrie du taxi, déposé par le ministre des Transports, Jacques Daoust, jeudi dernier, et qui vient asphyxier le service de transport Uber.
Une résolution somme toute inoffensive qui demande simplement au gouvernement de «collaborer avec les principaux joueurs de l’économie de partage» pour tenir compte de ces «nouvelles pratiques». Pas de quoi paniquer.
Au lieu d’écouter ces jeunes qui ne demandent pas mieux que de participer à un débat de leur temps, le premier ministre Couillard leur réplique, publiquement, dès l’ouverture du conseil général, que le PLQ est «toujours de son temps».
Et que dire de Jacques Daoust, suffisant à outrance à l’égard des jeunes de son parti, qui ne cherchent pourtant qu’à améliorer une législation avec laquelle ils ne sont pas entièrement d’accord?
Si le débat autour de son projet de loi 100 sur l’industrie du taxi est si complexe, comme il le prétend, qu’estce qui l’empêche d’en débattre pour le clarifier, au lieu de leur lancer cavalièrement: «Je ne retournerai pas à la planche à dessin»?