Plaidoyer pour réduire les médicaments en CHSLD
Un aîné sur quatre prend des antipsychotiques
La diminution des antipsychotiques en soins de longue durée améliorerait les soins aux aînés en plus de faire économiser jusqu’à 41 millions $ par an à l’état québécois, montre une initiative pancanadienne visant à réduire l’usage inapproprié de ces médicaments.
Alors que l’administration d’antipsychotiques est indiquée dans 5 % à 15 % des cas au pays, plus d’une personne âgée sur quatre vivant en CHSLD en consomme sans qu’un diagnostic de psychose ait été établi. Ces puissants médicaments sont souvent administrés aux patients atteints de démence afin de contrer les comportements agressifs et la résistance aux soins.
En 2014-2015, la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé (FCASS) a collaboré avec 56 établissements de soins de longue durée au Canada qui ont accepté de retirer les antipsychotiques prescrits de façon inadéquate à des résidents.
Dans certains cas, la dose de ces médicaments a été réduite. Après un an seulement, les premiers résultats, portant sur 416 aînés, révèlent une réduction si- gnificative des chutes, de l’ordre de 20 %. La violence verbale et la violence physique ont été en baisse de 33 % et 18 %, respectivement, tandis que la résistance aux soins a diminué de 22 %.
« USAGE DANGEREUX »
«On espère que ces résultats sensibiliseront les établissements au problème de l’utilisation inappropriée des antipsychotiques. C’est un usage inutile et dangereux qui ne fonctionne pas. C’est très triste pour ces personnes et leurs familles. Après qu’on eut retiré les antipsychotiques à une résidente, ses proches ont constaté un heureux changement: «On a grand-maman avec nous de nouveau; avant, elle était partie», illustre la présidente de la FCASS, Maureen O’neil.
Selon la FCASS, chaque dollar dépensé dans un programme de réduction des antipsychotiques en CHSLD au Québec ferait économiser 4,24 $. En cinq ans, de tels programmes préviendraient 22 500 chutes d’aînés au Québec, en plus de faire épargner 55 millions $ au système de santé.
Les personnes âgées qui arrivent en CHSLD sont souvent déjà médicamentées, note Mme O’neil. Certaines prennent parfois jusqu’à 14 médicaments différents. Les centres devraient remettre en question leur pertinence.