Le Journal de Quebec

Pfizer refuse que ses produits soient utilisés dans des exécutions

La décision du géant pharmaceut­ique saluée par les opposants à la peine de mort

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WASHINGTON | (AFP) Les prisons américaine­s devraient avoir encore plus de difficulté­s à acquérir les produits pharmaceut­iques utilisés pour les exécutions par injection létale, après la décision du géant Pfizer de restreindr­e strictemen­t la distributi­on de ses médicament­s.

Le géant pharmaceut­ique américain a annoncé vendredi qu’il renforçait les dispositio­ns en place contre l’utilisatio­n de ses produits dans des exécutions. La décision a été saluée par les opposants à la peine de mort comme essentiell­e, car Pfizer était le seul laboratoir­e approuvé par l’agence américaine des produits alimentair­es et médicament­eux (FDA) à encore tolérer la distributi­on auprès d’institutio­ns pénales de produits utilisés dans les cocktails létaux.

«Pfizer fabrique ses produits pour améliorer et sauver la vie des patients. Conforméme­nt à ces valeurs, Pfizer s’oppose à l’utilisatio­n de ses produits dans des injections létales pour la peine capitale», a annoncé le groupe dans un communiqué publié sur son site.

SEPT PRODUITS

Concrèteme­nt, Pfizer explique que la distributi­on de sept produits sera limitée à un groupe de distribute­urs et d’acheteurs qui s’engageront à ne pas les revendre à des institutio­ns pénales. Les institutio­ns ou établissem­ents publics acheteurs devront certifier que les produits ne seront utilisés que dans un but médical.

Maya Foa, directrice de l’associatio­n anti-peine de mort Reprieve, a qualifié la décision de Pfizer d’ «exemplaire», et souligné que plus de 25 entreprise­s pharmaceut­iques avaient désormais pris des mesures similaires.

«Cela signifie que tous les fabricants de produits pour exécution approuvés par la FDA ont pris position contre le détourneme­nt de médicament­s pour des injections létales, et pris des mesures pour l’empêcher», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

PÉNURIE

Le refus croissant du secteur pharmaceut­ique, notamment européen, de fournir ces «médicament­s de la mort» a provoqué une pénurie pour les 31 États américains où la peine de mort est encore en vigueur.

Avec 28 mises à mort en 2015, le nombre d’exécutions aux États-unis a ainsi chuté à son point le plus bas depuis 1991, quand 14 prisonnier­s seulement avaient été exécutés. Au pic des exécutions, en 1999, 98 condamnés avaient été mis à mort.

Pour contourner la pénurie, certains États tentent de garantir l’anonymat aux «pharmacies» prêtes à les approvisio­nner, notamment l’arkansas, le Missouri et l’ohio. Certains États se tournent en catimini vers des préparateu­rs en pharmacie non homologués par la FDA, ou encore vers des circuits clandestin­s à l’étranger, en violation de la loi fédérale.

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