Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

L’alcool qui tue

Alcoolique abstinent depuis trois ans, j’ai apprécié votre suggestion à « Maman qui cherche à aider » de fréquenter le groupe Al-anon pour apprendre comment composer avec sa fille alcoolique. Elle voudrait que cette dernière comprenne qu’elle se détruit en buvant et arrête de boire. Mais ça ne marche pas comme ça. Avant de se rendre compte qu’on a ce problème, ça peut prendre du temps, peut-être même des années. C’est loin d’être facile d’admettre qu’on n’est pas capable de prendre un verre comme tout le monde. Et même quand on le sait, on reste souvent dans le déni pour ne pas avoir à poser les gestes pour cesser de consommer.

Je la comprends de chercher un moyen pour aider sa fille, et je ne l’incite pas à suivre les conseils de son garçon qui lui recommande de l’abandonner à son sort. Mais en même temps je lui rappelle que sa fille a 35 ans, qu’elle est majeure et vaccinée, et qu’elle est responsabl­e de ses actes. Elle doit lui tendre la main sans jamais se laisser arracher le bras.

Sans vouloir la décourager, personnell­ement j’ai mis 15 ans avant de poser le geste concret d’aller vers AA. Il a fallu que ma femme me laisse, que je perde l’accès à mes enfants et que mes parents me coupent les vivres, pour enfin admettre que ma souffrance intérieure me plongeait dans mon vice. Et elle doit se rappeler que même si elle souffre de voir sa fille comme ça, sa fille aussi souffre pour agir comme elle le fait. Il faut laisser le temps agir en gardant l’oeil sur elle mais en ne faisant rien de plus que ce que Al-anon lui conseiller­a.

AA qui souhaite rester anonyme

Même si certaines preuves scientifiq­ues font encore défaut, une bonne partie du milieu médical s’entend pour dire que l’alcoolisme est une maladie. Une maladie chronique et fatale, mais une maladie traitable. Les causes exactes sont encore inconnues, mais l’aspect héréditair­e du problème est une évidence dans plusieurs cas, dont celui qui nous occupe, puisque le père de cette jeune femme l’était lui-même et en est mort à 45 ans. Je trouve intéressan­t cependant que vous rameniez l’alcoolisme à l’une de ses autres sources, soit la souffrance intérieure qui porte la personne à boire de plus en plus. Car c’est souvent l’absence d’envie des alcoolique­s de fouiller leur âme et de souffrir encore plus qui les effraie et les empêche d’entreprend­re une démarche pour cesser leur consommati­on.

Joyeux bordel!

Mon mari et moi adorons notre belle-fille, mais on déplore l’état des lieux quand on leur rend visite à elle, notre fils et leur bébé de six mois. Passez-moi l’expression, mais leur maison est un véritable bordel. Comme on dit, une vache n’y trouverait pas son veau. On ne sait pas comment notre fils fait pour supporter ça, lui qui a toujours vécu dans une maison ordonnée et propre.

J’ai tenté d’en parler avec elle et de lui faire comprendre à quel point leur vie serait plus simple si elle y mettait un peu du sien dans l’organisati­on technique de sa cuisine, sa salle de lavage et ses placards, mais c’est comme si je parlais dans le vide. Mon fils lui n’essaie plus car il dit que c’est peine perdue. Mais je suis certaine qu’au fond, ça le dérange beaucoup. Auriez-vous un truc à me suggérer sur la façon de faire passer le message?

Une belle-mère

Quiconque n’a pas été entraîné jeune à ranger, aura bien du mal à le faire dans sa vie d’adulte. Même si votre belle-fille peut reconnaîtr­e les bénéfices d’une maison rangée, ça ne lui donnera pas automatiqu­ement la méthode pour agir. Danielle Choquette collaborat­rice au Journal, suggérait lors d’une chronique sur le sujet, la lecture de « Le pouvoir étonnant du rangement » de Marie Konzo. L’offrir à votre fils en guise de point de départ pourrait donner des résultats.

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