Le Journal de Quebec

Datsyuk a le coeur en Russie

« Je rencontrer­ai Ken Holland après Championna­t du monde », dit-il

- Jean-françois Chaumont l Jfchaumont­jdm

MOSCOU | Pavel Datsyuk a probableme­nt joué son dernier match avec les Red Wings de Detroit, mais il se garde une porte ouverte. En entrevue au Journal de Montréal, le centre de 37 ans refuse de décrire ce Championna­t du monde comme sa tournée d’adieu en Russie et jamais il n’utilise le mot retraite dans ses réponses.

Il est 22 h 45 à Moscou, samedi soir. Quelques minutes plus tôt, la Russie vient de triompher de la Suisse 5 à 1. C’était le premier match pour Alexander Ovechkin, le sauveur attendu pour l’équipe nationale. Datsyuk, le capitaine, passe plus inaperçu.

Dans la zone mixte, après la rencontre, l’attaquant des Red Wings ne s’arrête pas devant les journalist­es de son propre pays. À ce moment, l’auteur de cet article commence à croire qu’il ne lui parlera jamais. Depuis trois jours, le responsabl­e des communicat­ions, Marat Safin (pas le joueur de tennis, un autre Marat), promet au Journal un entretien avec le vétéran attaquant. Ça doit se passer après la rencontre contre les Suisses.

Avant de sortir de la zone des entrevues, Datsyuk entend un mot pratiqueme­nt magique: «Montréal.» Il se retourne et s’installe devant le représenta­nt du Journal.

«Je sais que j’ai promis une entrevue à ton journal, alors je vais le faire. Je suis une personne de parole. Mais tu n’es pas chanceux puisque je viens de perdre une dent! J’ai hâte de voir notre dentiste.»

Cette simple anecdote décrit assez bien le personnage. En 14 saisons dans la LNH, il a endossé un seul chandail, celui des Red Wings. Il est très fidèle à cette organisati­on et à son directeur général, Ken Holland. Voilà une des raisons pour lesquelles il fait face à un dilemme: celui d’honorer la dernière année de son contrat à Detroit ou de revenir vivre dans son pays natal pour voir sa fille de 13 ans, Elizabeth, qui demeure avec sa première femme, Svetlana.

UN AIR DE MARKOV

Avec une dent en moins, Datsyuk répond à nos questions pendant cinq minutes. Après un match et dans le tourbillon d’une zone mixte, c’est assez long.

Questionné quant à savoir ce qu’il ressent à jouer ce Championna­t du monde peut-être une dernière fois chez lui, en Russie, il donne le ton à l’entrevue.

«Vous croyez que je vais prendre ma retraite? Ça ne sert à rien pour l’instant de me poser cette question. Je joue encore au Mondial. Je porte le chandail de la Russie. J’en suis fier. C’est un beau sentiment de jouer dans mon pays.»

Relancé ensuite sur ses plans pour la prochaine saison avec les Wings, il offre une réponse à la Andreï Markov.

«Toi, connais-tu tes plans pour l’an prochain?», réplique-t-il.

«Oui, je travailler­ai encore pour le Journal de Montréal et je vais suivre le Canadien.»

Datsyuk sourit. Il joue un jeu, tellement semblable à Markov dans le vestiaire du CH.

«Ah, merci pour la réponse, rétorque-til. Moi aussi, je travailler­ai. J’ai toujours travaillé fort dans la vie, mais je ne sais pas encore si je jouerai au hockey ou si je passerai à une autre étape.»

Après l’éliminatio­n des Wings contre le Lightning, Datsyuk ne songeait pas à la possibilit­é qu’il venait de vivre ses dernières minutes dans la LNH quand il serrait la main de ses rivaux.

«Chaque fois que tu perds en séries, c’est un mauvais sentiment. Je me demandais si je venais de jouer mon dernier match. J’avais sur le coeur notre défaite pour une deuxième année d’affilée contre le Lightning au premier tour.»

DANS LE BUREAU DU DG

Gagnant à deux reprises de la coupe Stanley avec les Wings (2002 et 2008), Datsyuk parlera de son avenir dans la LNH d’ici quelques semaines.

«Je rencontrer­ai Ken Holland après le Championna­t du monde, précise-t-il. À mon retour de Russie, au début du mois de juin, je parlerai à Ken. Je ne sais pas encore de quoi nous parlerons lors de notre prochain rendez-vous. Mais, je sais que je passerai par son bureau à Detroit.»

Le 11 avril dernier, le Detroit Free Press avait publié un très long entretien avec Datsyuk, où il exprimait son désir de retourner en Russie. Un mois plus tard, il a reparlé de sa situation familiale.

«C’est un cas très difficile, soutient-il. Ma fille (Elizabeth) est maintenant assez grande pour comprendre ce qu’il se passe. Elle s’ennuie de son père et c’est la même chose pour moi. Tous les enfants ont besoin de voir leur père et leur mère. L’éloignemen­t est pénible. Elle comprend que le hockey est mon travail avec les Red Wings. Mais, elle arrive à un âge (13 ans) où elle ressent le besoin d’avoir son père à ses côtés.»

 ??  ?? Pavel Datsyuk est le capitaine de l’équipe russe au Championna­t du monde.
Pavel Datsyuk est le capitaine de l’équipe russe au Championna­t du monde.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada