Climat de peur
Si le maire Labeaume a des doutes sur le fait que des commerçants ont peur de le critiquer publiquement, je peux lui dire que j’en connais plusieurs. Ça n’a donc rien d’une légende urbaine, comme il le prétendait hier.
On voit régulièrement des intervenants se faire revirer lorsqu’ils abordent, au conseil municipal, des sujets qui ne font pas l’affaire du maire. Ils craignent aussi de subir le même sort humiliant que Beppino Boezio, propriétaire de La Crémaillère, qui, étouffé par les taxes municipales, s’est résigné à fermer son établissement. Le porte-parole du maire lui a ensuite répliqué qu’il «faut savoir s’adapter», énumérant des exemples de restaurants qui vont bien dans le Vieux-québec. Qui osera par la suite mettre en péril sa réputation en critiquant?
REVIREMENT ÉTONNANT
Puis on a tous vu le revirement étonnant qu’ont effectué des restaurateurs de la Grande Allée, après avoir critiqué la hausse des taxes municipales dans nos pages. Après une rencontre avec le maire, ils avaient complètement changé de version par rapport à l’entrevue accordée au Journal quelques jours auparavant. Tout était désormais supposément réglé. Que s’est-il passé pour justifier une telle volte-face? La question se pose sérieusement.
Même les commerçants qui s’opposent au déménagement du Marché du Vieux-port à Expocité ont finalement décidé, hier, de ne plus inviter les médias à leur 5 à 7 de protestation, ce soir, après la sortie du maire à leur sujet.
MALSAIN
Certes, les commerçants n’ont rien à craindre pour ce qui est d’obtenir un permis, a tenu à souligner le maire. Il ne faudrait quand même pas exagérer: les permis ne sont pas attribués par le maire, qui n’a d’ailleurs aucun droit de regard sur la question. Mais le climat n’en est pas moins malsain lorsque les gens d’affaires n’osent plus émettre la moindre critique envers la Ville parce qu’ils craignent des représailles de toutes sortes. Il y a certainement un problème d’écoute de la part du maire, alors que cela devrait faire partie de son mandat d’élu.
J’en profite pour inviter ces gens d’affaires à cesser de craindre et à s’unir pour faire valoir leurs points publiquement. Ce n’est certainement pas en boudant chacun dans votre coin que vous ferez bouger les choses. On est à Québec, pas en Corée du Nord.