Le Journal de Quebec

Climat de peur

- karine gagnon Chroniqueu­se municipale

Si le maire Labeaume a des doutes sur le fait que des commerçant­s ont peur de le critiquer publiqueme­nt, je peux lui dire que j’en connais plusieurs. Ça n’a donc rien d’une légende urbaine, comme il le prétendait hier.

On voit régulièrem­ent des intervenan­ts se faire revirer lorsqu’ils abordent, au conseil municipal, des sujets qui ne font pas l’affaire du maire. Ils craignent aussi de subir le même sort humiliant que Beppino Boezio, propriétai­re de La Crémaillèr­e, qui, étouffé par les taxes municipale­s, s’est résigné à fermer son établissem­ent. Le porte-parole du maire lui a ensuite répliqué qu’il «faut savoir s’adapter», énumérant des exemples de restaurant­s qui vont bien dans le Vieux-québec. Qui osera par la suite mettre en péril sa réputation en critiquant?

REVIREMENT ÉTONNANT

Puis on a tous vu le revirement étonnant qu’ont effectué des restaurate­urs de la Grande Allée, après avoir critiqué la hausse des taxes municipale­s dans nos pages. Après une rencontre avec le maire, ils avaient complèteme­nt changé de version par rapport à l’entrevue accordée au Journal quelques jours auparavant. Tout était désormais supposémen­t réglé. Que s’est-il passé pour justifier une telle volte-face? La question se pose sérieuseme­nt.

Même les commerçant­s qui s’opposent au déménageme­nt du Marché du Vieux-port à Expocité ont finalement décidé, hier, de ne plus inviter les médias à leur 5 à 7 de protestati­on, ce soir, après la sortie du maire à leur sujet.

MALSAIN

Certes, les commerçant­s n’ont rien à craindre pour ce qui est d’obtenir un permis, a tenu à souligner le maire. Il ne faudrait quand même pas exagérer: les permis ne sont pas attribués par le maire, qui n’a d’ailleurs aucun droit de regard sur la question. Mais le climat n’en est pas moins malsain lorsque les gens d’affaires n’osent plus émettre la moindre critique envers la Ville parce qu’ils craignent des représaill­es de toutes sortes. Il y a certaineme­nt un problème d’écoute de la part du maire, alors que cela devrait faire partie de son mandat d’élu.

J’en profite pour inviter ces gens d’affaires à cesser de craindre et à s’unir pour faire valoir leurs points publiqueme­nt. Ce n’est certaineme­nt pas en boudant chacun dans votre coin que vous ferez bouger les choses. On est à Québec, pas en Corée du Nord.

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