4 ans de prison pour un des pères rédemptoristes
Jean-claude Bergeron avait agressé 7 jeunes pensionnaires
C’est en restant de glace que le père rédemptoriste Jean-claude Bergeron a accueilli la sentence de quatre ans que lui a imposée, hier matin, le juge Jean-pierre Dumais.
Casquette beige à la main, tête penchée, regard dans le vide, sans émotion. Voilà de quoi avait l’air l’homme d’église qui a pris le chemin du pénitencier.
Sous le regard de ses victimes, l’agresseur de 76 ans a pris un petit sac contenant ses effets personnels pour passer de l’autre côté de la porte menant à la détention.
MOTS DURS
Bien que les procédures judiciaires aient mis plus de six ans pour connaître leur conclusion, le magistrat a condensé sa décision en une trentaine de minutes, tout en utilisant des mots très durs envers l’accusé.
«Vous aviez une situation privilégiée avec des proies sans défense à votre portée. Des étudiants qui, s’ils tentaient de parler, se faisaient expulser ou menacer d’expulsion. Vous étiez conscient de l’omerta qui régnait au Collège et vous en avez profité», a-t-il prononcé sur un ton sans appel.
Entre les années 1976 et 1980 alors qu’il enseignait au Séminaire Saint-alphonse sous l’égide des pères rédemptoristes, Bergeron, fervent adepte de la «propreté», a profité de son autorité pour agresser sexuellement sept jeunes pensionnaires alors âgés de 12 à 14 ans.
«Chez vos victimes, les conséquences ont été désastreuses et la vie de celles-ci a été marquée ou brisée par vos agressions. Elles ont vécu de la culpabilité, des problèmes psychologiques, des troubles sexologiques, de la honte, de l’angoisse, des idées suicidaires», a longuement énuméré le juge en insistant sur chacun des mots.
Il a également rappelé les «excuses» tardives de l’accusé qui selon les termes employés par le président du Tribunal «sont arrivées à la dernière seconde du procès».
SOULAGEMENT
Au sortir de la salle, Stéphane Trottier, l’une des figures phares représentant les victimes de Bergeron, s’est montré soulagé, mais surtout heureux d’être passé au travers d’un processus long et complexe pour pouvoir enfin tourner la page sur quarante années de silence.
«En ce qui concerne la durée de la sentence, je vais laisser les gens juger par euxmêmes, mais le fait qu’il ait eu une sentence, que nous ayons été reconnus et entendus, pour moi, ça représente aujourd’hui une grande victoire», a-t-il dit tout en remerciant la procureure au dossier, Me Carmen Rioux, et les enquêteurs au dossier qui, selon ses propres termes «ne l’ont jamais lâché».