La misère des riches
Avez-vous déjà entendu des riches se plaindre de leurs misères de riches?
Il n’y a rien de plus exaspérant. «La première classe d’air France n’est vraiment plus comme avant…»
«Zut, il n’y avait plus de Krug à la SAQ, que de la Veuve Clicquot…»
Ou «Décidément, on n’a plus les nounous qu’on avait…»
Eh bien, je trouve qu’en matière de droits de la personne, nous ressemblons à ça.
Des riches qui se plaignent la bouche pleine.
QUAND ON SE COMPARE…
«C’est épouvantable, on ne peut même plus traiter Machin de grosse torche devant un million de personnes, sinon on se fait poursuivre… On nous étouffe, on nous bâillonne!»
Dites ça aux dissidents politiques qui sont emprisonnés et torturés à travers le monde pour avoir critiqué leurs dirigeants, je suis sûr qu’ils vont pleurer sur votre sort.
«Oh, pauvre vous, je vous plains, c’est inhumain ce que vous vivez! Pouvez-vous me mettre de la pommade dans le dos, s’il vous plaît? Je viens de recevoir 100 coups de fouet pour avoir dit que j’étais athée…» Idem pour le droit des femmes. «Un propriétaire de restaurant demande à ses serveuses de porter des talons hauts quand elles travaillent. Sexisme! Misogynie! À bas le patriarcat! Boycottez! Manifestons!»
Pendant ce temps-là, à quelques heures d’avion de chez nous, des femmes sont battues et assassinées parce qu’elles ne portent pas de voile… Ça remet les choses en perspective, non?
En Irak, on ligote les homosexuels et on les jette du haut des gratte-ciel. Ici, on capote parce que tel ou tel politicien ne participe pas au défilé de la fierté gaie…
Pourrait-on prendre notre gaz égal et cesser de prendre nos minitempêtes pour des ouragans?
Ne serait-ce que par décence envers ceux qui souffrent vraiment de discrimination?
DES GROS DRAMES
Des fois, j’ai l’impression qu’on s’invente des drames pour paraî- tre intéressants.
Pour se donner l’impression qu’il s’en passe, des choses, ici.
Des étudiants descendent dans la rue pour demander que les frais de scolarité les moins élevés en Amérique soient encore plus bas?
On appelle ça «le printemps érable». Pour faire un lien avec «le printemps arabe», un événement historique où des centaines de milliers d’hommes et de femmes ont risqué leur vie pour avoir le droit de voter… N’importe quoi. Une radio privée décide de ne pas renouveler le contrat d’un animateur, car elle trouve qu’il ne respecte pas son code d’éthique?
On crie à la censure! Libeeeeeerté!
Heu… Si tu es propriétaire d’un resto et que ton maître d’hôtel décide de ne plus porter de chaussures au travail ou de se pointer en shorts et en gougounes, tu vas le congédier, non? En bien, c’est la même chose. Pas de quoi déchirer sa chemise.
PAUVRE REBELLE
Le Québec est une société hyper ouverte, hyper tolérante.
Malheureusement, quand tu es de nature rebelle, c’est difficile de grandir au sein d’une société aussi permissive.
Tu te révoltes contre qui? Contre quoi?
Pas facile d’être un martyr ou un héros quand tu vis au Québec en 2016…