Le respect des morts
Journaliste, écrivaine et auteure
Les rites funéraires sont des indicateurs du respect que l’on accorde aux êtres humains.
À notre folle époque, nombre de gens ayant perdu ces repères ou qui s’en croient affranchis mettent en scène leur mort selon leurs goûts douteux.
Les entrepreneurs de pompes funèbres ne sont pas au bout de leur peine, car la loi sur les activités funéraires est si floue qu’elle permet les dérapages.
NOUVEAUX RITES
Dans nos sociétés judéo-chrétiennes, les rites entourant la mort sont sacralisés par la liturgie religieuse. Or, avec l’abandon des pratiques religieuses, il a fallu inventer de nouveaux rites. Nous avons tous assisté à des cérémonies funèbres où l’on affiche des photos du défunt en maillot de bain, un verre de bière à la main, l’air hagard. Sans parler des témoignages intimes, à la limite de la décence, qui plongent l’assistance dans le malaise.
Que dire des facétieux qui exigent que l’on répande leurs cendres devant le garage où ils avaient leurs habitudes d’amateur de char? Que penser des vivants qui perdent l’urne de leurs parents ou d’autres qui, après quelques années, la recyclent en pot de fleurs?
Doit-on exposer une femme embaumée et assise à une table selon sa volonté ou un golfeur debout avec un bâton à la main? Du déjà vu aux États-unis. Le législateur ne sait plus poser les limites du respect et de la décence devant les restes humains.
FANTASMES
Le législateur subirait donc le diktat des droits de la personne. Après le droit de mourir dans la dignité, voilà le droit de disposer de son corps après la mort selon ses fantasmes de vivant.
La société n’est plus alors la garante de quelques principes qui sacralisent l’être humain au-delà de sa vie.
N’y aura-t-il à l’avenir que les propriétaires de chiens et de chats pour perpétuer les rites mortuaires?