Le Journal de Quebec

L’art de bien paraître

On n’y échappe pas: esthétisme et plongeon sont liés l’un à l’autre puisqu’il s’agit d’un sport soumis à des juges.

- Collaborat­ion spéciale roseline filion

Ce n’est pas aussi pointu qu’en nage synchronis­ée, mais la beauté et la forme physique peuvent parfois influencer le jugement pour les détails de nos mouvements dans les airs.

L’IMPORTANCE DU DÉTAIL

Je ne veux pas dire ça péjorative­ment, mais c’est sûr qu’une belle ligne de jambes et des pieds pointés, ça a un impact. Tout compte dans notre exécution pour que le plongeon ait l’air gracieux, facile, fluide et surtout pas robotisé.

Le souci du détail se trouve dans la perfection de la technique. Le plus dur pour moi, c’est de trouver la position parfaite. Dans un plongeon avec position carpée, je peux avoir les genoux trop pliés, ce sur quoi je travaille très fort parce que ça peut faire une grande différence dans les résultats. C’est quelque chose qui ne paraît pas beaucoup quand on l’observe à vitesse régulière, mais qui saute aux yeux quand tu analyses ton plongeon au ralenti.

BIEN ENTRER À L’EAU

Les juges accordent leur note selon la dernière impression qu’ils gardent du plongeon. Donc, ce qui prime, c’est l’entrée à l’eau. Tu peux avoir eu des difficulté­s au départ ou dans les airs et ils vont te déduire un peu de pointage, mais si tu finis vraiment bien ton plongeon, ils vont t’accorder une sorte de bénéfice du doute.

Sur 10 plongeons, combien de notes des juges suscitent des frustratio­ns de ma part? Je dirais que dans quatre ou cinq des cas, je vais remettre leurs décisions en question, mais je préfère revoir la vidéo avant de les montrer du doigt. Par contre, j’avoue que ça m’arrive quelquefoi­s de sortir de l’eau en fronçant les sourcils et en me disant: hum, je suis certaine que c’était mieux que la note qu’on vient de me donner. Et, souvent, mon entraîneur est de mon bord!

Je dois aussi dire que l’inverse est possible: je sors parfois de l’eau en sachant que j’ai commis des erreurs, et la note est surprenant­e. Dans ces moments, c’est comme «Joyeux Noël!»

UNE TOUCHE DE COQUETTERI­E

Le goût pour l’esthétisme se traduit aussi d’une autre façon, maintenant que les produits de maquillage sont à l’épreuve de l’eau. Les filles sont un peu plus coquettes qu’auparavant. Avant les compétitio­ns, on en voit quelques-unes devant le miroir qui se «poupounent» avec un mascara ou un peu de fard à joues. Il y a même des tendances pour de la manucure et de la pédicure aux couleurs de nos pays. C’est rendu vraiment drôle.

Je me souviens aux Jeux de Londres, j’étais tellement déçue et triste après notre compétitio­n en synchro. Il fallait nous dépêcher pour la cérémonie des médailles et je n’avais même pas eu le temps de me préparer pour avoir l’air d’une fille. J’imaginais que la planète allait me voir toute croche sur le podium! — Propos recueillis par Alain Bergeron

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