Le Journal de Quebec

Et si nos humoristes se raffinaien­t un peu

- Guy Fournier guy.fournier @quebecorme­dia.com

Depuis quelques Années, la SRC et TVA ne se font plus de Cadeaux. Jadis, Au moment des Gémeaux ou des trophées Artis, par exemple, le réseau qui ne présentait pas le gala faisait profil BAS pour laisser la Chance Au plus grand nombre de téléspecta­teurs de syntoniser l’émission spéciale. Chaque réseau faisait de même lorsque l’autre présentait une importante primeur ou une grande émission spéCiale. Aujourd’hui, C’est Au plus fort la poche.

Dimanche soir dans l’espoir de saper l’auditoire du Gala Les Olivier, c’est vers RBO que s’est tourné TVA. Avec RBO the

tounes, qui s’adressait au même public que celui du gala, le diffuseur privé comptait se battre à armes égales et peut-être même gagner la partie. La bataille s’annonçait d’autant plus serrée qu’une «providenti­elle» controvers­e avait précédé le gala des Oliviers, grâce à un sketch de présentati­on de Mike Ward et Guy Nantel.

Furieux d’être contraints à plusieurs réécriture­s de leur brûlot et, finalement, à sa mise au rancart, les deux humoristes ont décidé de le publier dans Le Journal de Montréal. Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres et jeter tous leurs confrères humoristes dans l’indécision. Devraient-ils boycotter le gala ou le saboter en cours de diffusion?

LA TEMPÊTE AVANT LE CALME

Sachant de quel côté leur pain est beurré, la plupart des humoristes se sont présentés au gala, protestant de façon bien modeste avec un masque blanc sur la bouche, barré d’une croix rouge. Pas de quoi faire peur au monde! Pas de coups de gueule non plus. Quelques propos très civilisés de Louis Morissette invitant le public et les avocats à mieux interpréte­r la liberté d’expression. Martin Matte aussi a abordé la question pour dire qu’en 20 ans il n’a jamais subi la moindre censure. Ce qui est plutôt à l’honneur du public et des diffuseurs.

Toujours soucieux de n’être jamais prise en faute et surtout de ne jamais rien avouer, Radio-canada a démenti qu’il s’agissait d’un cas de censure. Si le sketch de Nantel et Ward a été mis de côté, c’est que l’affaire du petit Jérémy est toujours pendante devant la Commission des droits de la personne et de la jeunesse. Quel beau prétexte pour la SRC!

PAS UN NUMÉRO MÉMORABLE

De toute manière, leur sketch n’enrichira jamais une anthologie de l’humour. Plutôt banal avec en prime quelques blagues d’assez mauvais goût. Celle «des Juifs qui donnent des stérilets en or à leur femme», par exemple, ou la douleur qu’a dû ressentir la mère de Nantel «lorsque sa grosse tête est sortie à l’accoucheme­nt».

Dimanche soir, c’est ARTV qui a présenté la meilleure contre-programmat­ion. La chaîne a retransmis le spectacle d’yvon Deschamps, présenté en 2002 au Théâtre Corona. De l’humour fin, débité sans jurons et sans grossièret­és, livré avec bonhomie et empathie dans une atmosphère souriante. Dans son spectacle d’une heure et demie, Yvon n’en parlait pas moins des femmes, des belles-mères, des musulmans, des homosexuel­s, des handicapés, des vieillards, des enfants et encore. Des sujets que nos humoristes prétendent ne plus pouvoir aborder en cette ère de rectitude politique.

Si au lieu d’écrire vos sketches à gros coups de pinceau, messieurs, les humoristes, vous les écriviez à la fine plume comme le faisait Deschamps, peut-être découvriri­ez-vous qu’on peut traiter de presque tout encore aujourd’hui pourvu qu’on le fasse avec intelligen­ce et délicatess­e.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Je me fous d’être misérable à condition que tout le monde le soit aussi – Un sans-abri.

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