Le Journal de Quebec

Un drame oublié

Le naufrage tragique du voilier le Belle-isle a fait 3 victimes

- Nicolas Saillant l Nsaillantj­dq

Oublié dans les abysses du drame qui se jouait au Saguenay, le tragique naufrage du voilier le Belle-isle sur le fleuve SaintLaure­nt a pourtant fait trois victimes causées par le Déluge et la températur­e exécrable qui s’abattait aussi sur Charlevoix.

Partis de la marina de Lévis, le capitaine Guy Bégin, sa conjointe Jacqueline ainsi que Denis Samson et Hélène Racine, un couple se préparant à un tour du monde à la voile pour l’an 2000, avaient pris le fleuve en prévision d’une croisière de deux semaines. Après que le voilier se fut arrêté à Berthier, la conjointe du capitaine, Jacqueline, décida de rester à quai en raison de la mer houleuse. Une décision qui lui sauva la vie.

Le Belle-isle a donc pris le large vers Tadoussac le 19 juillet malgré une météo défavorabl­e. Puis, un message «mayday» est lancé en après-midi par le capitaine suivi, une demi-heure plus tard, d’un long silence.

DEVOIR DE MÉMOIRE

«Tout le monde de la voile connaît cette histoire-là, tout le monde a écouté en direct ce qui s’est passé et a entendu le capitaine sur la radio», lance Nancy, la fille de Denis Samson et Hélène Racine. Après 20 ans de silence, les filles du couple décédé ont accepté pour la première fois de raconter leur histoire publiqueme­nt «par devoir de mémoire». «On fait partie du Déluge du Saguenay», estime Marie-christine.

À 15 h 10, la voix du capitaine s’est fait entendre pour la dernière fois. Malgré les recherches de plusieurs navires et même d’un hélicoptèr­e de l’armée «dans des conditions dépassant parfois les limites de l’appareil», jamais le Belle-isle n’a été retrouvé, même vingt ans plus tard.

Le capitaine Guy Bégin a été retrouvé deux jours après au large de l’île aux Pommes, près de Rimouski. La dépouille de la mère de Marie-christine et Nancy a quant à elle été retrouvée sur l’île aux Lièvres huit jours plus tard. À ce jour, le corps de Denis Samson n’a toujours pas été retrouvé.

DEUIL

«Si on trouve le bateau, ça se peut qu’il soit attaché après», croit Nancy. Les indices laissent à penser que Denis Samson était à l’extérieur du Belle-isle et donc attaché au bateau lors du naufrage. Même vingt ans plus tard, les filles du disparu «gardent espoir» de retrouver leur père.

«Le deuil ne se fait pas. Notre mère est décédée, on l’a enterrée, on l’a vue, on l’a trouvée, mais notre père n’a pas été trouvé». Reste qu’«il y a des choses qu’on a acceptées rapidement», poursuit Nancy.

Les rires complices des deux soeurs lors de l’entrevue témoignaie­nt d’une famille qui a rebondi. «On a décidé de prendre cet événement-là comme un propulseur», affirme Nancy. «Ils sont morts jeunes, alors je me suis dit: “Il faut que je réalise mes rêves”», poursuit Marie-christine qui n’avait que 16ans lors du drame.

Les soeurs vont donc se souvenir de leurs parents «hyper amoureux» partis ensemble il y a 20 ans le 19 juillet, mais refusent encore aujourd’hui de «sombrer dans le négatif».

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