Le Journal de Quebec

La radio comme point d’ancrage

Une courroie de transmissi­on par excellence pour les sinistrés

- KATHRYNE LAMONTAGNE

La radio est devenue la courroie de transmissi­on par excellence pour les sinistrés du Saguenay qui, sans autre moyen de communicat­ion, se sont tournés vers les ondes pour s’informer de la situation et avoir des nouvelles de leurs proches.

«Je n’ai jamais, dans ma carrière, autant senti qu’on faisait de la radio utile, qu’on était importants pour les gens, un point d’ancrage», analyse Myriam Ségal, qui a passé quatre jours d’affilée dans les locaux de CKRS, en juillet 1996, enchaînant les émissions spéciales consacrées aux inondation­s.

C’est par centaines que les auditeurs, inquiets, contactaie­nt la station. «Les gens appelaient en disant “Si mon mari entend, je suis chez ma belle-soeur, je suis à l’abri, il n’y a pas de danger!” Il y avait des maires du Bas-saguenay qui nous appelaient pour qu’on dise à la Sé- curité civile qu’ils n’avaient plus d’eau potable», se souvient-elle.

«On était le centre nerveux de cette affaire-là. On a ouvert assez spontanéme­nt les lignes, tout le monde nous appelait! On était le seul lien de communicat­ion», renchérit son ancien collègue, Louis Champagne, qui régnait alors comme morning-man dans la région.

C’est aussi à la radio qu’une partie de l’enquête sur la catastroph­e s’est faite, assurent les deux animateurs. «On était en ondes quand quelqu’un de Laterrière nous a appelés pour nous dire que le problème, ce n’était pas le déluge. C’était qu’ils n’avaient pas levé les barrages au lac Kénogami! Ça n’a pas été un déluge, ça a été une erreur humaine catastroph­ique», tranche-t-il.

TVA EN DIRECT

À la télévision, le déluge du Saguenay a mis de l’avant le défi du direct. Les bulletins ont été allongés et les interventi­ons se sont faites sans télésouffl­eur, ce qui était peu habituel à l’époque. Alors chef d’antenne à TVA Montréal, Stéphan Bureau avait été dépêché sur place avec son équipe. «On me dit que c’est le bordel intégral, que ça ne va pas. On nolise un avion et on part de St-hubert en catastroph­e. On n’a pas perdu de temps», se souvient-il.

L’informatio­n en continu en était alors à ses débuts. «TVA travaillai­t sur cette force de rapidité de déploiemen­t, qui avait aussi été testée à l’occasion du référendum de 1995. On était prêts. Mais c’est vrai que c’était les premiers balbutieme­nts et techniquem­ent, ce n’était pas les moyens qu’on a aujourd’hui!», dit-il.

Stéphan Bureau était resté quelques jours sur place, partageant notamment les ondes avec le réputé journalist­e Paul Larocque et Ève-marie Lortie, aujourd’hui à la tête de Salut! Bonjour week-end. Leur sang froid et leur expérience ont été mis à l’épreuve, reconnaît-il.

«Il faut rappeler qu’on vit la catastroph­e comme témoins, voyeurs même parfois un peu, mais on ne la subit pas. C’est très différent», conclut-il, soulignant la force et le courage des sinistrés.

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Louis Champagne (à gauche) était témoin de l’impact qu’avait la radio auprès de la population. Stéphan Bureau a quant à lui vécu les événements alors qu’il était chef d’antenne de TVA à Montréal.
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