Un Dîner de cons irrésistible
La comédie, bien construite et drôle, ramène à l’avant-plan le talent des comédiens
On a beau l’avoir vu cinq, dix ou quinze fois, Le dîner de cons est comme un plat réconfortant. C’est bon, c’est délicieux, et la version à l’affiche au Théâtre Petit Champlain ne fait pas exception à cette règle.
Présentée en 2007, 2008, 2009 et 2010, la comédie de Francis Veber est de retour, jusqu’au 27 août, dans la petite salle de spectacle de ce quartier historique du Vieux-québec.
Avec Emmanuel Bédard et Nicolas Létourneau qui n’étaient pas disponibles cet été, le Théâtre Voix d’accès a joué à la chaise musicale et redistribué les rôles, et Maxime Perron s’est ajouté à l’équipe de comédiens.
Le dîner de cons, pour les rares qui n’ont jamais vu le film, raconte l’histoire d’un groupe d’amis qui, chaque mercredi, invitent un «con» à leur table pour se payer sa tête.
Pierre Brochant, interprété par Maxime Perron, est convaincu d’avoir trouvé la perle rare: un comptable qui construit des modèles réduits avec des allumettes et qui lui en fera voir de toutes les couleurs.
COMÉDIE HABILEMENT CONSTRUITE
Il faut quelques minutes d’adaptation avant d’entrer dans cette comédie habilement construite. Il est difficile, au début de la pièce, de ne pas faire de comparaison avec ces personnages qui ont été immortalisés au grand et au petit écran. On cherche des ressemblances et on trouve même que Pierre-yves Charbonneau, qui joue le docteur Sorbier et Lucien Cheval, ressemble à Jacques Ville- ret et qu’il aurait pu facilement se glisser dans la peau de François Pignon.
La pièce décolle et on oublie rapidement tout ça lorsque le con sympathique tombe sur Marlène Sasseur, la maîtresse de Pierre Brochant, en voulant téléphoner au docteur Sorbier.
LES PHRASES CULTES
Martin Boily offre une solide performance dans l’immense rôle de François Pignon. Il bouge bien, il multiplie les mimiques, particulièrement lorsqu’il goûte le Château-lafite vinaigré de Pierre Brochant. Il campe un François Pignon qui n’est pas trop calqué sur celui de Jacques Villeret.
On peut aussi mettre une étoile dans le cahier de Pierre-yves Charbonneau, qui est très bon dans le rôle de Lucien Cheval et qui a une belle complicité avec Martin Boily.
Le metteur en scène Renaud Paradis et l’équipe ont ajouté de petites digressions amusantes, avec des effets sonores, quelques bris du quatrième mur et une référence inattendue à un sujet d’actualité. Une belle trouvaille visuelle permet de voir l’interlocuteur lors des échanges téléphoniques.
La proposition est fidèle au texte français et les phrases cultes, comme «la belle tête de vainqueur», «la boulette», «on a les droits», «il est méchant monsieur Brochant» et autres sont toutes là et font toujours effet. Ça fait drôle, un peu, de voir des comédiens québécois parler à la française, mais on finit par oublier cette particularité.
Le dîner de cons est un divertissement de qualité. C’est bien construit, c’est drôle, c’est bien joué et ça fonctionne, même si on l’a vu et revu. Irrésistible.
Le dîner de cons est présenté du mercredi au samedi, jusqu’au 27 août, au Théâtre Petit Champlain.