Le Journal de Quebec

La bourse réservée aux garçons jugée discrimina­toire

- KATHRYNE LAMONTAGNE

La générosité de l’université Laval a ses limites: la Fondation a refusé les milliers de dollars d’un donateur qui souhaitait remettre une bourse d’études exclusivem­ent à des étudiants masculins, la jugeant discrimina­toire.

Premier directeur des études de l’école nationale d’administra­tion publique (ENAP), André Gélinas s’est entendu avec la Fondation de l’université Laval en 2014 pour créer un Fonds de bourse d’études à son nom.

Les conditions d’attributio­n? Être de sexe masculin et étudier à la maîtrise en affaires publiques ou en science politique, où se retrouvent déjà majoritair­ement des hommes. Alors que la bourse était en voie d’être créée, la Fondation a changé son fusil d’épaule.

«Quelqu’un s’est réveillé et a dit que ça le rendrait mal à l’aise», révèle M. Gélinas, qui conteste cette décision. À ses yeux, il est tout à fait normal de décerner des bourses aux étudiants masculins, puisque d’autres sommes sont adressées à la gent féminine.

«Il y a beaucoup de bourses qui sont réservées aux étudiantes, peu importe la discipline, dit-il. Je voyais qu’il y avait des bourses aux filles… pourquoi pas aux gars?»

DISCRIMINA­TOIRE

L’université rejette cet argument. Elle explique qu’une bourse «dirigée exclusivem­ent envers les hommes devient discrimina­toire lorsque les programmes visés comportent déjà un pourcentag­e significat­if et majoritair­e d’étudiants masculins», écrit le porte-parole Samuel Auger.

Concernant les bourses destinées uniquement aux femmes, il explique que «l’université s’appuie sur la Charte des droits et des libertés qui prévoit qu’il est possible de mettre en place des programmes en éducation pour corriger la situation de personnes victimes de discrimina­tion».

«Compte tenu des statistiqu­es d’inscriptio­n et de diplomatio­n colligées par l’université, ceci n’était pas le cas dans les deux programmes de maîtrise ciblés dans le protocole de don du Fonds de bourse André-gélinas», dit M. Auger.

REMBOURSEM­ENT

Des pourparler­s sont en cours entre les deux parties afin de procéder au remboursem­ent des sommes versées à ce jour par André Gélinas. Ce dernier prétend que l’université Laval s’est montrée ouverte à le dédommager à condition que cette histoire demeure confidenti­elle.

L’université n’a pas commenté cette déclaratio­n.

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