Le Journal de Quebec

Coincé par une agente double

Un chauffeur de taxi accusé d’agression sexuelle sur deux clientes vulnérable­s et une policière

- Éric Thibault

Soupçonné d’agression sexuelle sur des femmes atteintes d’une déficience intellectu­elle, un chauffeur de taxi de Laval aurait touché les parties intimes d’une agente double qui feignait d’être une cliente aux prises avec le même handicap afin de le piéger.

Cette technique d’enquête pour le moins particuliè­re, qui a mené à l’arrestatio­n et à la mise en accusation de Djillali Ait Aoudia en juin 2015, a aussi convaincu la Commission des transports du Québec d’ordonner la suspension de son permis de chauffeur de taxi, la semaine dernière.

La police de Laval a d’abord reçu une plainte des parents d’une jeune femme de 21ans souffrant d’autisme et de retard mental.

Le matin du 19 février 2015, elle aurait subi des attoucheme­nts sexuels dans la voiture du chauffeur de 59 ans, alors employé de la COOP de taxi de Laval et accrédité pour le transport adapté.

« FAUT PAS TOUCHER LÀ »

Espérant corroborer cette version, la police a mandaté une agente d’infiltrati­on, elle aussi dans la vingtaine, pour le prendre en flagrant délit.

La policière a adopté un comporteme­nt «du même type» que celui de la présumée victime, a témoigné l’enquêteur Claude Tessier. Un rôle qu’elle a dû jouer à trois reprises.

Le 16 avril, un premier transport s’est déroulé sans incident pour l’agente double, qui mettait souvent ses cheveux dans sa bouche en campant son rôle.

Mais 13 jours plus tard, le suspect «a mis sa main droite sur le milieu de sa cuisse gauche» et l’a descendue «vers l’intérieur» en plein trajet.

Puis, le 21 mai suivant, Ait Aoudia aurait «constammen­t caressé sa cuisse jusqu’à toucher ses parties intimes», selon l’agente d’infiltrati­on.

— Non, faut pas toucher là, lui aurait-elle dit.

— Désolé, je voulais replacer ton chandail, aurait-il répondu.

Le lendemain, il aurait répété les mêmes actes aux dépens d’une autre femme handicapée intellectu­ellement, âgée de 38 ans.

GESTES « PATERNELS »

Devant la Commission, le chauffeur a nié avoir touché les parties intimes de ses clientes, mais il a admis avoir posé sa main sur leurs cuisses. Des gestes «purement paternels» pour les «sécuriser ou les calmer», d’après lui.

Le jugeant «peu crédible», la Commission a qualifié ses actes d’«inacceptab­les».

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L’intervenan­te Mélanie Sarroino dit que plusieurs femmes handicapée­s victimes d’abus ont de la difficulté à dénoncer leurs abuseurs parce qu’elles ne sont pas prises au sérieux en raison de leurs handicaps.
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Djillali ait aoudia Accusé

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