Des garçons bravent les stéréotypes
Le sport ne compte qu’un pratiquant pour 100 filles au Canada
Onze garçons de Beaconsfield qui osent braver les stéréotypes pour former l’une des rares équipes masculines de nage synchronisée au Canada sont si déterminés que personne ne se moque d’eux.
«Au début, c’était pour rire. Et puis on s’est rendu compte que c’était difficile comme sport. C’est devenu sérieux. Et puis, on s’est mis à vouloir gagner», raconte Benjamin Savouré, l'un des pionniers de l'équipe de la piscine Heights à Beaconsfield.
Actuellement au Canada, environ un garçon pour 100 filles pratique la nage synchronisée.
Âgés de huit à onze ans, les garçons de l'équipe n’ont toutefois pas l’intention de laisser quiconque rire d’eux parce qu’ils pratiquent un sport traditionnellement féminin.
«Mes amis trouvent ça drôle, c’est tout», lance avec un haussement d’épaules Benjamin Savouré.
PLAISANTERIE
Tout a commencé l'été passé quand Benjamin Savouré et son ami Liam Webster ont approché leur entraîneur de natation avec l’idée farfelue de créer une équipe de nage synchronisée pour garçons.
«Même moi, je ne prenais pas ça au sérieux au début. Ils ne faisaient que plaisanter, explique l’entraîneur Chris Callard. Et puis j’ai réalisé que j’avais les gars les plus athlétiques de la piscine, réunis dans une équipe. Aussi bien en faire quelque chose», ajoute cet ancien joueur de water-polo.
Leur équipe avait déjà huit membres l’été dernier. Étant la seule équipe de garçons de leur secteur, ils se sont mesurés à une vingtaine d’équipes de filles dans une compétition locale.
Portant des maillots à l’effigie des Canadiens de Montréal, ils ont nagé sur le thème du hockey.
«Les spectateurs ne sont pas partis à rire», se félicite Lynn Lécuyer, présidente de l’association des piscines du Lakeshore (ALPS).
Et contre toute attente, ils ont raflé la médaille d’argent. «On n’en revenait pas», se souvient Jill Savouré, mère de Benjamin. Près d’un an plus tard, l’équipe a grossi et compte maintenant 11 garçons, dont plusieurs qui ont d’abord vu leur grande soeur faire le même sport.
« IL Y A BEAUCOUP DE splash »
C’est le cas de Jonathan Parsons, huit ans. Cadet du groupe, c’est celui qui se fait le plus souvent soulever ou lancer dans l’eau par ses coéquipiers, avoue-t-il lui-même avec un sourire gêné. «On intègre une certaine masculinité dans nos choix de chorégraphie. Il y a beaucoup de splash », illustre Chris Callard.
Cette année, l’équipe nagera d’ailleurs sur un montage de chansons du rappeur Eminem, peu reconnu pour son côté féminin.
Même si deux autres équipes masculines ont vu le jour cet été dans l’ouest de l’île selon Chris Callard, les initiatives comme celle de la piscine Heights restent hyper rares et se comptent probablement sur les doigts d’une main, avoue Jackie Buckingham de Synchro Canada.
Ce n'est donc pas demain que l'équipe de M. Callard pourra participer à des compétitions pour garçons.