Montréal a sonné le glas des Olympiques
À Montréal, les Jeux olympiques ont laissé un goût amer qu’on a encore au fond de la gorge. Une exposition montée à grands frais, rue Sherbrooke, est démolie en pleine nuit, le stade n’est pas terminé - 40 ans plus tard, on attend toujours un toit -, les entrepreneurs s’en mettent plein les poches et les syndicats font la loi. Pour finir le plat, un nuvite s’invite à la cérémonie de clôture et nos fumeurs doivent allumer cigarette sur cigarette pour rembourser un déficit géant.
Montréal a sonné le premier glas des Olympiques. Depuis, rien ne va plus. Chaque Olympiade charrie son lot de mauvaises nouvelles, toujours semblables: on profite du choix du site pour s’enrichir, les installations ne sont pas prêtes à temps, les Jeux sont de plus en plus coûteux, les déficits toujours plus ruineux, etc., etc.
Cette année, les nouvelles sont encore plus déprimantes. Des dizaines d’athlètes sont dopés à l’os, des Russes sont bannis, des vedettes se désistent. Sportifs et spectateurs étrangers craignent le banditisme, les rues incertaines de Rio, le virus zika et les milliards de bibittes qui «nagent» dans les eaux de la baie de Guanamara. Le taux de pollution y est un million et demi de fois supérieur à celui du fleuve dans le port de Montréal!
SERONS-NOUS AU RENDEZ-VOUS?
Demain soir, à 18 h 30 (une heure plus tard à Rio), Radio-canada diffusera la cérémonie d’ouverture, qui devrait se terminer à 22 h 45. Combien d’entre nous seront à l’antenne pour la suite?
Les plus grands golfeurs du monde ont déclaré forfait. Milos Raonic n’y sera pas, comme Simona Halep, Berdich et d’autres têtes de série. Les stars du basket n’y seront pas non plus. Dans presque tous les sports, les meilleurs profitent des Jeux pour se... reposer! Voilà qui risque fort d’hypothéquer sérieusement le nombre de ceux qui regarderont les écrans de la SRC et de la CBC.
Sans compter que l’écoute de la télévision a bien changé depuis les Jeux d’hiver de 2010. De moins en moins de spectateurs suivent les performances olympiques sur leur téléviseur. Ils privilégient plutôt téléphones et tablettes pour voir en direct les performances des vedettes qui les intéressent. Plusieurs de ces vedettes ayant décidé d’ignorer Rio, nos écrans mobiles seront aussi moins sollicités.
TOUT REMETTRE EN QUESTION
Personne ne le souhaite, mais il suffirait d’un grave incident à Rio - un attentat terroriste, un athlète ou plusieurs atteints d’un virus mortel ou pris en otages comme la belle-mère de Bernie Ecclestone - pour qu’on remette en question une fois pour toutes l’existence même des Jeux.
Les premiers Jeux ont duré plus d’un millénaire: de 776 avant Jésus-christ jusqu’au 5e siècle de notre ère. Ceux qu’a ressuscités Pierre de Coubertin en 1896 ont maintenant 120 ans. Comme le rythme de la vie s’est beaucoup accéléré, le temps est venu de mettre la formule de côté et d’en inventer une autre.
À l’ère de l’internet qui transporte les images instantanément aux quatre coins du globe, c’est très anachronique de construire des installations à grands frais dans une ville donnée, d’y transporter 11 239 athlètes venant de 206 pays, en plus des centaines d’entraîneurs et des milliers de tonnes d’équipement. Puis, trois semaines plus tard, tout remballer et revenir chez soi.
Si les Jeux doivent durer, la télévision doit devenir leur site permanent.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
Même si Subban joue pour Nashville, il continue de «scorer» à Montréal.