Le Journal de Quebec

tricia smith et l’après-aubut

La nouvelle présidente du COC a une tout autre personnali­té que celle de son prédécesse­ur

- pierre durocher pierre.durocher @quebecorme­dia.com

RIO DE JANEIRO | Le Comité olympique canadien (COC) a traversé une méchante tempête en 2015 avec ces histoires de harcèlemen­t sexuel qui ont conduit à la démission forcée du président Marcel Aubut.

C’est l’ancienne Olympienne Tricia Smith, une avocate à Vancouver, qui a dû prendre la relève en pleine crise l’automne dernier.

On a pu constater, lors d’un premier point de presse aux Jeux de Rio hier, que la dame de 59 ans n’a rien en commun avec son prédécesse­ur.

Aux Jeux de Londres et de Sotchi, Aubut était partout. Il en menait large et il aimait bien y aller de déclaratio­ns qui faisaient l’affaire des médias, avouons-le.

Aubut savait aussi comment s’y prendre pour conclure des ententes lucratives avec des commandita­ires, mais il avait de gros défauts sur le plan du comporteme­nt à l’endroit des employées du COC, ce qui a mené à son départ.

LE JOUR ET LA NUIT

Tricia Smith est du genre réservé. Elle parle tout en douceur. On dit d’elle qu’elle a une main de fer dans un gant de velours.

Une fois la conférence de presse terminée, elle a préféré rencontrer les journalist­es individuel­lement dans un bureau au lieu de se livrer à une rencontre de groupe, question de mieux savoir à qui elle s’adresse, nous at-on expliqué.

Le Journal de Montréal a donc pu obtenir une entrevue avec Tricia Smith, qui reconnaît que le Comité olympique canadien doit rebâtir sa réputation.

«On travaille à regagner la confiance des Canadiens, a-t-elle confié. Les histoires de harcèlemen­t ayant impliqué mon prédécesse­ur ont terni l’image du COC, mais on a pris les moyens afin d’éviter qu’une autre crise de ce genre survienne, soit en appliquant à la lettre les recommanda­tions émises dans un rapport d’évaluation externe.»

CHANGEMENT DE CULTURE

On assiste à un changement de culture au sein du COC, selon elle.

«Je crois qu’on a beaucoup appris de ce qui s’est produit par le passé. Des changement­s ont été apportés et les employés sont tous conscients de l’importance de notre politique basée sur le respect et sur la transparen­ce. On me dit que le climat de travail s’est beaucoup amélioré.»

Rappelons que le poste de président du COC est bénévole, sans rémunérati­on.

CHAREST CONQUISE

Isabelle Charest, l’ex-patineuse de vitesse aujourd’hui chef de mission adjointe de l’équipe canadienne aux Jeux de Rio, apprécie beaucoup la présence de Tricia Smith à la tête du COC.

«Tout est plus facile avec elle, a commenté Charest en choisissan­t bien ses mots. C’est une dame qui est très humaine, qui est terre-à-terre. J’aime le fait qu’elle soit une ancienne Olympienne. Elle comprend bien ce que vivent les athlètes.»

SOUVENIRS REMPLIS D’ÉMOTION

Smith, médaillée d’argent en aviron aux Jeux de 1984 à Los Angeles, a participé quatre fois aux Jeux olympiques, dont ceux de Montréal en 1976.

«Je garde des souvenirs impérissab­les de ces Jeux, les premiers à s’être tenus au Canada, at-elle dit sur un ton émotif. Jamais je n’oublierai les cérémonies d’ouverture, surtout l’entrée des athlètes canadiens dans le Stade olympique. On pouvait entendre la musique en marchant dans le tunnel et une fois à l’intérieur du stade, la lumière était éblouissan­te. La foule nous avait réservé tout un accueil. J’en ai encore des frissons lorsque j’en parle.»

BEAUCOUP DE TRAVAIL À FAIRE

Tricia Smith s’est montrée prudente dans ses propos au sujet de la position du COC face au dopage.

«Un pas dans la bonne direction a été fait lorsque les tricheurs ont été punis en se faisant interdire une participat­ion aux Jeux, mais il reste encore beaucoup de travail à faire avant d’en arriver à rendre propres les Jeux olympiques et le sport en général. On a le pied sur l’accélérate­ur et il ne faut surtout pas le lever», a-t-elle prévenu.

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La présidente du COC, Tricia Smith, a été athlète olympique dans les années 1970 et 1980.

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