Des cochers pas tous sur la coche
Le Journal a fait analyser le contenu historique de cinq tours guidés en calèche à Québec
Même si les cochers sont obligés de passer un examen sur l’histoire de Québec pour obtenir leur permis, certains tournent les coins ronds. Le Journal a fait le test en effectuant cinq tours de calèche de façon anonyme. L’historien Réjean Lemoine s’est prêté au jeu en validant les explications.
De manière générale, les cochers de Québec s’en tirent plutôt bien, selon notre expert, bien que quelques-uns soient carrément à côté de la plaque.
«La majorité des gens de Québec seraient incapables de faire ça», a commenté M. Lemoine, qui est tombé sur un guide expérimenté qui a su répondre à une question piège.
«Je l’ai testé sur le monument de la Foi chrétienne (statue-fontaine érigée sur la place d’armes, à côté du Château Frontenac) et je l’ai trouvé bon parce que 99,9 % des gens ne savent pas ce que c’est.»
UN DROIT ACQUIS
Selon Pierre Richard, directeur des études au Collège Mérici, les touristes sont en droit de s’attendre à une certaine exactitude. «Le touriste français qui connaît Samuel de Champlain ne veut pas se faire dire qu’il est arrivé en 1534 alors que c’est 1608! Tous les touristes ne sont pas des gens nécessairement passionnés d’histoire, mais tous les touristes méritent d’obtenir des réponses avisées de la personne qui est rémunérée pour les accompagner», dit-il.
Contrairement aux guides touristiques locaux, qui doivent suivre une formation de 150 heures pour obtenir leur permis, les cochers bénéficient d’un droit acquis qui leur permet de pratiquer à la condition de réussir l’examen administré par la Ville de Québec.
Certains commentaires entendus, tel que «Je vous dis qu’il y a des pays qui ont du chemin à faire» en passant devant la statue des suffragettes, ces militantes qui ont obtenu le droit de vote des femmes, n’ont tout simplement pas leur place, estime M. Lemoine. C’est le même guide qui, plus tard, parlera de «l’extermination de la civilisation française» en décrivant le traitement réservé aux Français après la bataille des plaines d’abraham, ce qui est plus grave, aux yeux de notre historien, qu’une erreur de date sur la construction du Parlement.
COMME DES GONDOLES
Au-delà des faits historiques, Réjean Lemoine s’est dit surpris de l’attention suscitée par le passage des calèches.
«On était photographiés comme des stars! Ça montre un peu ce que les touristes recherchent à Québec. C’est comme les gondoles à Venise.»