Le parti d’erdogan fait le ménage dans ses rangs
La purge s’étend malgré les critiques en Turquie
ISTANBUL | (AFP) Le parti au pouvoir en Turquie a étendu hier jusque dans ses propres rangs la purge des sympathisants du prédicateur en exil aux États-unis Fethullah Gülen, qui a réagi vivement après le mandat d’arrêt lancé contre lui par Ankara.
Les relations diplomatiques de la Turquie ne se sont pas améliorées, tandis que de vifs échanges avaient lieu avec Vienne et que Washington ne confirmait pas la visite de son secrétaire d’état John Kerry annoncée par Ankara.
Le parti de la Justice et du développement (AKP) a ordonné que ses rangs soient «nettoyés» des sympathisants de Gülen, accusé d’être derrière le coup d’état depuis son exil en Pennsylvanie.
« ÉTAT PARALLÈLE »
L’AKP va ainsi être également touché par la traque implacable menée depuis le coup d’état raté du 15 juillet, qui s’est soldé par au moins 60 000 limogeages, arrestations et gardes à vue, surtout dans l’armée, la justice, la presse et l’éducation.
Signée par le numéro deux du parti, Hayati Yazici, une circulaire de L’AKP «ordonne l’urgent nettoyage de l’organisation du parti», afin d’en éliminer ceux qui sont liés au réseau de Gülen, accusé d’avoir noyauté les institutions et la société en créant un «État parallèle».
La purge en cours n’a encore touché que «le sommet de l’iceberg», a averti le président Recep Tayyip Erdogan.
AUTORITARISME
L’ex-imam a vivement réagi hier à l’annonce que la Turquie venait de lancer contre lui un mandat d’arrêt dans la perspective d’une demande officielle d’extradition auprès des États-unis.
«Le système judiciaire turc n’est pas indépendant, donc ce mandat d’arrêt est encore un exemple de la tendance du président Erdogan à l’autoritarisme et aux écarts vis-à-vis de la démocratie», at-il dit dans un communiqué.
M. Gülen a rappelé avoir «condamné à plusieurs reprises la tentative de coup d’état», et nié «toute implication».
«Nous n’avons pas vu la moindre preuve, directe ou indirecte, qui résisterait de manière convaincante à un examen des faits, l’ombre d’une preuve [...] impliquant M. Gülen», a défendu son avocat Reid Weingarten lors d’une conférence de presse à Washington.
De son côté, le ministère de la Justice américain «essaie toujours de déterminer si les documents fournis (par Ankara) constituent une demande formelle d’extradition», a expliqué Mark Toner, porte-parole du Département d’état.