Les promesses russes ne convainquent pas
MOSCOU | (AFP) La Russie a échappé à une exclusion collective des Jeux olympiques 2016, mais doit désormais rétablir la confiance dans son système antidopage. Et les dénégations des autorités, associées à des réformes jugées peu convaincantes, laissent les experts sceptiques.
Pour Dick Pound, le fondateur de l'agence mondiale antidopage (AMA), qui avait le premier enquêté sur les accusations de dopage d'état en Russie dans un rapport publié en novembre 2015, le premier moyen d'amorcer un changement profond d'attitude dans le sport russe aurait été d'employer plus de fermeté.
«Je pense qu'une expulsion totale aurait envoyé un message fort et apporté un changement plus rapide», explique-t-il à L'AFP, tout en disant espérer que les sanctions actuelles soient suffisantes pour enclencher de réelles réformes.
Une opinion loin d'être isolée, alors que la décision du Comité international olympique de laisser aux Fédérations la responsabilité de la présence de sportifs russes à Rio, malgré les conclusions accablantes du rapport Mclaren du 18 juillet, avait été accueillie par un déluge de critiques.
L'ALLEMAGNE DE L'EST
Sentant arriver les Jeux de Rio, alors que ses athlètes étaient déjà interdits de compétition internationale par la Fédération internationale d'athlétisme, la Russie avait pourtant multiplié les déclarations d'intention et les promesses de réformes au cours des derniers mois.
En juillet, Moscou a annoncé la création d'une commission indépendante chargée de débarrasser la Russie du dopage. Et le ministre des Sports, Vitali Moutko, s'est déplacé cette semaine au siège de L'UNESCO, à Paris, pour évoquer le soutien de la Russie à la lutte antidopage.
Mais si les autorités russes insistent sur leurs volontés de réformes, elles continuent de nier officiellement les accusations du rapport Mclaren, qui a démontré l'existence d'un système de dopage organisé par l'état russe, avec le soutien actif des services secrets, de 2011 à 2015.
«Je ne sais pas comment ils peuvent totalement nier cela», s'interroge l'historien des Jeux olympiques Bill Mallon, selon qui les preuves de l'implication des autorités russes sont «vraiment claires».
«C'est comme si les Allemands de l'est en 1985 essayaient de nier [s'être dopés] alors que tout le monde savait», ajoute-t-il.
S’il n'y a pas eu d'excuse officielle, la Russie aurait pourtant reconnu certaines fautes, selon Craig Reedie, le patron de L'AMA, mardi, dans son discours devant le CIO.
«Je suis heureux d'apprendre que la Russie a reconnu comme véridiques les informations des deux rapports demandés par L'AMA [celui du 9 novembre 2015 et celui du 18 juillet, le rapport Mclaren] et a admis qu'elle avait un problème spécifique», a déclaré M. Reedie.