Un héritage en demi-teinte
LONDRES | (AFP) À Stratford, dans l’est de Londres, les Jeux olympiques de 2012 laissent un souvenir mitigé: si le quartier déshérité, qui accueillait le principal site des épreuves, a gagné en transports et en infrastructures, c’est au prix d’un embourgeoisement forcené qui a chassé bien des habitants.
Sur le plan sportif, les Jeux de Londres, considérés par beaucoup comme parmi les plus réussis de l’ère moderne, ne font pas débat.
Le ministre des Sports de l’époque, Hugh Robertson, souligne qu’ils ont en outre poussé de nombreux Britanniques à faire du sport, avec 1,5 million de pratiquants supplémentaires depuis 2012.
Selon lui, le bilan est également très positif pour le quartier de Stratford, totalement transformé par les investissements reçus, avec des équipements sportifs et des bâtiments modernes qui ont poussé au milieu des anciens terrains vagues.
«En 2005, nous étions au milieu du Parc olympique à regarder un engin de chantier déverser un énorme tas de ciment (...), à côté de caravanes abandonnées et de plantes folles. Le reste n’était qu’une friche industrielle, la dernière de Londres», se souvient-il.
L’autre principale réussite des Jeux a été de créer de nombreux emplois dans ce coin de l’est de Londres jusque-là abandonné, déclare-t-il.
hausse des sans-abri
La sociologue Penny Bernstock, spécialiste du logement et du changement social dans l’est de la capitale britannique, reconnaît des avancées notables en matière de transports.
Mais, déplore-t-elle, le nombre de sans-abri à Newham (le district qui inclut Stratford) a explosé de 151 % entre 2012 et 2015, contre 51 % pour la capitale dans son ensemble.
Et si des emplois ont bien été créés, ces derniers l’ont été principalement dans les services et la vente, et ne rémunèrent pas assez pour permettre d’habiter aux alentours désormais.
Selon une étude de la plateforme de financement participatif Property Partners, les prix de l’immobilier ont grimpé de 64 % dans les six arrondissements entourant le Parc olympique depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux en juillet 2012. Soit 11 points de plus que la hausse moyenne enregistrée par Londres dans son ensemble.
Hugh Robertson juge «légitime» la critique de l’embourgeoisement, mais, pour lui, les Jeux en valaient la chandelle.